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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/120

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Ils COMMENCEMENT DE LA GUER&E ÀNGLÔ-FRANCAfSE.

cemment arrivées (1). Tous commencèrent à s’établir dans leurs garnisons comme en pays ennemi, volant des chevaux aux paysans, exigeant qu’on les traitât avec une profusion scandaleuse, remplissant les camps d’un essaim de femmes de mauvaises mœurs (2), et ne tenant aucun compte des représentations de leurs officiers, lesquels avaient perdu toute autorité. Les chefs de la Convention ne voyaient là qu’un nouveau rempart pour la liberté contre les aristocrates militaires, et ils doutaient si peu de la valeur de leurs troupes, qu’ils décrétèrent le 1& février l’incorporation de la principauté de Monaco et du bailliage de Schaumbourg, en alléguant que ces pays étaient compris dans les frontières naturelles de la France, le Rhin, les Pyrénées et les Alpes. Trois semaines plus tard, au milieu des troubles de la guerre civile, ils ouvrirent contre l’Espagne la lutte depuis longtemps projetée. L’exécution de Louis XVI avait soulevé dans ce pays, non-seulelement à la cour mais dans toutes les classes de la nation, un orage d’indignation et de colère, et avait décidé le gouvernement à se joindre à la grande coalition européenne. L’ambassadeur français ayant impérieusement réclamé, dans ces circonstances, la conclusion du traité de neutralité proposé autrefois par la cour de Madrid, il reçut ses passe-ports pour toute réponse. Aussitôt les hostilités commencèrent sur mer, puis le 7 mars, Barère fit déclarer par la Convention la guerre à l’Espagne, afin de renverser dans ce pays le trône des Bourbons et de porter la liberté dans les belles contrées situées au delà des Pyrénées. Ainsi la situation se dessinait chaquejour plus nettement. Les rêves de liberté universelle étaient évanouis. Il était loin le temps ou les basses classes du peuple applaudissaient àl’abolition des priviléges et à l’égalité des droits pour tous les citoyens! Une fois entré dans le chemin de la violence, le peuple ne songeait plus qu’à établir la domination des prolétaires sur ceux qui les avaient dominés jadis. Grâce aux nouveaux décrets imposés à la Convention docile, les meneurs du peuple parisien, enivrés par le sang royal, forcèrent les paysans français à servir (1) Le CoM)YM)’ de Go~~M, 23 mars, donne des détails a ce sujet. Pour ce qui concerne les Belges, Borgnet cite une foule de documents originaux. (2) Au printemps, ces désordres étaient devenus tels que la Convention dut les réprimer par un décret, surtout pour assurer les équipages de l’armée aux besoins du service et non à ceux de toutes ces personnes.