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M~ DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

incrédules et des hérétiques, et ne se faisaient aucun scrupule de leur faire sentir la force de leurs armes. Les deux partis avaient besoin du brillant prestige de la guerre, les unspour flatter, au moins sur un point, le sentiment national, les autres pour ne ’pas laisser tomber l’armée entre les mains de leurs adversaires. En toute circonstance donc, on vit dominer dans ce pays la passion des conquêtes. Ce colossal empire fut constamment gouverné par une colonie militaire qui, divisée intérieurement par des antipathies mortelles; s’unissait toujours dans sa soif ardente d’envahissement.

Sous l’impératrice Anne, qui se laissait diriger par les parvenus, les Turcs furent battus au sud et la prépondérance dénnitive des armes russes fut établie sur ces adversaires, tandis qu’au nord, la Courlande, qui avait été jusque-là un fief polonais, était complètement soumise aux ordres de la cour de Russie, et que les armées russes, traversant la Pologne dans tous les sens, donnaient, sans l’ombre d’un prétexte, un souverain à ce pays. Un peu plus tard, l’impératrice Elisabeth rendit le pouvoir au vieux parti russe. Ce n’en fut pas moins sous son règne que, pour la première fois; la Russie s’immisça, en qualité de grande puissance dans les troubles qui déchiraient l’Europe centrale. Quelque indolente légère et dissolue dans ses mœurs que fût cette princesse, fille cadette de Pierre Ier elle réussit cependant à dicter par son ambassadeur des lois & la diète suédoise, et à établir toujours plus solidement les garnisons russes au sein de la Pologne. Elle vit surgir Frédéric le Grand, et comprit immédiatement, avec la sagacité que donne l’ambition, que la force que Frédéric aspirait à donner au Nord de l’Allemagne serait funeste aux plans et aux rêves de la Russie. Elle entra donc dans la grande alliance conclue contre Frédéric, et, pendant la guerre de Sept aus, elle envahit la Prusse orientale et la contraignit à lui rendre foi et hommage. C’était une vengeance personnelle pour quelques railleries que Frédéric s’était permises sur le gouvernement féminin de SaintPétersbourg c’était aussi une vengeance politique pour les obstacles que la Prusse, en s’avançant sur les côtes allemandes de la mer Baltique, avait suscités aux plans de Pierre I". On sait comment, la maison des Romahow s’étant éteinte en