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US MtmÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

pas obstacle, bien que l’abandon d’une province polonaise à la Prusse fût une chose très-grave.

Ce fut la Pologne qui ressentit les premiers effets de cette politique.

L’apparition des troupes russes et leur rapide invasion dans ce pays avaient produit à Varsovie une émotion indescriptible. Un trait caractéristique de la situation, c’est que, bien que l’organisation d’une armée de cent mille hommes eût été ordonnée depuis un an, et que l’attaque des Russes fût prévue depuis six mois, personne, dés le premier moment, ne crut possible de se sauver au moyen des seules forces du pays. Quoique la Prusse eût déclaré maintes fois qu’elle ne se regardait pas comme engagée à défendre la nouvelle constitution, Ignace Potocki se rendit en hâte à Berlin, à la fin de mai, pour implorer le secours du roi, conformément au traité de 1790. L’abbé Piatoli alla à Dresde dans le même but, et le prince Adam Czartoriski remua ciel et terre à Vienne. Tout fut en vain. Le roi Stanislas se décida alors à faire une démarche toute particulière. Le 22 juin, il écrivit à l’impératrice et fit appel à ses sentiments personnels, au nom de leur ancienne amitié. « Je n’employerai ni détours, ni longueurs, lui dit-il, elles ne conviennent ni à mon caractère, ni à ma situation. Je vais m’expliquer avec franchise, car c’est à vous que j’écris. U vous importe d’influer en Pologne et de pouvoir y faire passer vos troupes sans embarras, toutes les fois que vous voudrez vous occuper ou des Turcs ou de l’Europe. H nous importe d’être à l’abri des révolutions, dont chaque interrègne doit nécessairement devenir la cause, en faisant intervenir tous nos voisins, en nous armant nous-mêmes les uns contre les autres. Il nous faut, de plus, un gouvernement intérieur mieux régie que ci-devant. Or, voici le moment et le moyen de concilier tout cela. Donnez-moi pour successeur votre petit-fils, le prince Constantin qu’une alliance perpétuelle unisse les deux pays qu’un traité de commerce réciproquement utile y soit joint. ))

Huit mois auparavant, cette proposition eût peut-être comblé tous les désirs du cabinet russe, en lui livrant la Pologne et en lui évitant le regret d’en céder une partie à la Prusse; mais actuellement, Catherine était déjà trop engagée dans ses négocia-