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PARTAGE DE LA POLOGNE. PRÉLIMINAIRES. 163

faire de nouveaux sacrifices pour conserver ce pays lointain et ingrat D’un autre côte, il était hors de doute que la paix avec la France deviendrait facile dès que l’Autriche renoncerait à la Belgique c’était tout à la fois se délivrer des charges de la guerre et s’affranchir de toute dépendance vis-a-vis de la Prusse. Il devait cependant sembler désirable aux défenseurs de cette manière de voir d’ajouter une nouvelle acquisition aux États héréditaires de l’empire, pour compenser l’abandon de la Belgique, et Spielmann lui-même, en prévision de cette éventualité, avait proposé au roi de Prusse l’occupation immédiate de la Bavière, même sans le consentement de l’électeur. Mais, le roi eût-il approuvé ce projet que le succès en aurait encore été fort douteux. Quelle tempête ne devait pas soulever à la diète allemande un tel acte de violence exercé envers un des premiers princes de l’empire? Que dirait le roi si, après l’incorporation de la Bavière, l’Autriche ne donnait pas la Belgique à l’électeur ? Quelles complications fâcheuses n’avait-on pas à craindre de la part de l’Angleterre, qui avait toujours protesté de la manière la plus énergique contre toute atteinte portée au ~a~M quo en Belgique? On voit que les adversaires du projet d’échange ne manquaient pas à Vienne d’arguments pour appuyer leur opinion. On vit alors se réveiller, plus fortes que jamais, les tendances qui avaient prévalu au temps de Joseph H, ces tendances qui portaient l’Autriche à chercher l’accroissement de son territoire à l’Est bien plutôt qu’à l’Ouest, et qui, en ce moment, l’invitaient surtout à aider au prochain partage de laPologne pour en prendre sa part. Ces opinions, comme nous l’avons vu (1), s’étaient déjà produites à Vienne au printemps précédent et avaient été écartées en faveur du plan d’échange; mais, actuellement que cet échange devenait douteux, elles reprirent le dessus avec une nouvelle force. L’empereur, qui n’avait encore rien décidé, était de fort mauvaise humeur et congédia le négociateur prussien après une audience de cinq minutes. Il s’établit alors entre les ministres des négociations verbales et écrites, qui se prolongèrent pendant huit jours sans amener aucun résultat l’ambassadeur russe lui-même intervint plusieurs fois; mais (1) Première partie, p. 474 (note).