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186 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

et Buchholz. Il exhorta Mœllendorf à la modération (1) et le supplia de ne pas insister sur le désarmement des troupes polonaises, attendu qu’il y avait déjà eu assez de bruit, et qu’il espérait obtenir de Stanislas que ces troupes fussent transférées à Cracovie. Il confia à l’ambassadeur qu’aussitôt après la prise de possession des nouvelles provinces, la Russie comptait incorporer dans son armée les régiments polonais qui s’y trouveraient, et il exprima son étonnoment de ce que Mœllendorf n’eût pas fait les préparatifs nécessaires pour prendre une semblable mesure. Il développa alors le plan projeté à Saint-Pétersbourg pour la conduite à tenir dans l’avenir. D’après ce plan, les deux puissances, aussitôt après la ratification réciproque du traité de partage du 23 janvier 1793, devaient prendre solennellement possession de leurs nouvelles provinces; en attendant, la Généralité, sous la présidence du roi qui devait se rendre à cet effet à Grodno, ordonnerait des élections pour une diète qu’elle déciderait à prononcer la cession formelle. Ces élections ne devaient pas avoir lieu dans les provinces qu’on détachait du royaume de Pologne, car a cette époque, elles auraient déjà prêté serment de fidétitè.à leurs nouveaux maîtres. «D’ailleurs, ajouta Sievers, l’impératrice ne veut pas avoir à écouter ni à payer beaucoup de monde; elle désire en finir le plus tôt possible, sans recourir à des formalités inutiles. »

Buchholz ne pouvait que se déclarer on ne peut plus satisfait de tout cela, et il n’avait pas assez de louanges à donner à ce « bon ambassadeurs. En toutes choses, en effet, Sievers montraitle plus grand empressement à aller au-devant des désirs de la Prusse. Il força la Généralité de Grodno à revenir sur la décision qui avait prescrit une levée générale de troupes, il avertit Buchholz que les Polonais cherchaient à se fortifier à Czenstochowa (2), et il engagea Moellendorf à précipiter l’occupation; bref, l’entente ne pouvait être plus cordiale. « H est convenu, écrivait Buchholz, que nous tirons à la même corde. jf – « Le roi Stanislas, disait-il un (1) Igelstroem faisait, le 30 janvier, la demande caractéristique que MœUendorf ne payât pas mieux que lui les fournisseurs polonais. Nous pouvons citer aussi ce passage de l’instruction ministérielle adressée à MœUeudorf le 30 décembre « Il faut que les troupes conservent une bonne discipline, mciUeure, si c’est possible, que celle des Russes. ))

(2) Il tenait cette nouvelle d’Ozarowski, commandant polonais de Varsovie.