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LE PARTAGE. SOI

dire de tout le territoire polonais situé à l’est d’une ligne droite tirée de Kaminiek et de la frontière de Galicie à Polo~k et Dris.-a. On ne comprendra bien la gravité de ces faits que si l’on réfléchit qu’il ne restait dès lors à la Pologne qu’un territoire bien moins étendu que celui que lui prenait la Russie, que les Turcs voyaient par là tomber aux mains des Russes toutes les provinces polonaises touchant à leurs frontières, et que les possessions de l’Autriche allaient se trouver pour la première fois en contact immédiat avec la Russie. Arboré sur le haut des rochers et des bastions de Kaminiek, la plus importante des positions militaires du pays (1), le drapeau russe annonçait la marche incessante de la puissance guerrière des Slaves vers le Sud et l’Occident de l’Europe.

La soumission et la prestation de serment des nouveaux sujets eurent lieu sans difïlculté et sans résistance, aussi bien dans la partie prussienne que dans la partie russe. A Berlin, on calculait avec satisfaction que le pays qu’on venait d’acquérir était plus grand que la Silésie, rapportait un revenu net de A à 5 millions de thalers, et augmenterait l’armée de plusieurs régiments. Le point capital était surtout qu’on arrondissait, sous le rapport militaire, la frontière orientale du royaume, laquelle, on se le rappelle, n’avait pas offert jusque-là la moindre sécurité pour la défense du territoire allemand. Un coup d’œil jeté sur la carte suffit pour faire apprécier l’ensemble de ces avantages. Tandis que la Silésie au sud, et la Prusse orientale au nord, s’étendent au loin vers l’est, la frontière du Brandebourg, placée entre ces deux provinces, se recourbe en arrière vers l’ouest, si bien que la Grande-Pologne, resserrée entre ces trois provinces, s’avance jusqu’à tourner complétement Konigsberg et Breslau, et ne se trouve qu’à quelques jours de marche de Berlin. Tant que la Pologne avait été puissante, elle avait fortement pesé sur le Brandebourg et tenu la Silésie dans sa dépendance elle avait conquis la Prusse occidentale et forcé la Prusse orientale à lui prêter foi et hommage. Maintenant elle était faible et inoffensive; depuis plus d’un siècle, les troupes russes s’étaient établies sur son territoire, et la nécessité de couvrir le Brandebourg et (1) Haën.en donne à ce sujet beaucoup de détails, 18 mars,