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600 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

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successivement de toutes les positions. Le coup ne devait tomber sur la victime que lorsque aucune opposition ne serait plus à craindre. La Prusse, l’Autriche, l’Angleterre, avaient été gag-nées tour à tour, et, au dernier moment, les chefs polonais eux-mêmes avaient été attirés dans le parti russe. La république polonaise était complétement isolée et sans secours entre ses deux ennemis, abandonnée par elle-même et par le monde entier. Le moment de l’action était venu. Déjà le gouvernement polonais avait fait pressentir la conduite qu’il tiendrait désormais, en donnant secrètement à ses provinces, à l’instigation des ambassadeurs, L’ordre de se soumettre; mais, afin de cacher à l’Europe son intelligence avec les vainqueurs, il fut convenu qu’il ne céderait qu’à une violence apparente. Ainsi, le chancelier Malachowski ordonna aux magistrats de Dantzig, dès les premiers jours de mars, de reconnaître la domination prussienne (1) sur quoi Dantzig demanda à conserver une garnison urbaine, ce qui naturellement ne lui fut pas accordé; et le 25, lorsque cette ville capitula, le général Raumer dut tirer quelques coups de canon, avant que la garnison quittât les remparts. Le même jour parut un édit royal, annonçant la prise de posssession des pays situés entre les anciennes frontières et une ligne tirée de Çzenstochowa à Soldau, en passant par Rawa, ainsi que des villes de Dantzig et de Thorn, ce qui formait un espace de mille seize milles carrées (2), renfermant un million et demi d’habitants; l’édit annonçait en même temps que le gouvernement polonais ferait solennellement la cession de ces provinces, mais il demandait que l’hommage de Ëdélite fût immédiatement prêté par les nouveaux sujets de la Prusse. La Russie procéda exactement de la même manière. A Kaminiek, Orlowski avait jusque là repoussé fièrement toutes les prétentions de l’ennemi mais son propre gouvernement lui donna un successeur avec lequel Kretschetnikow s’entendit promptement. Celui-ci fit publier, le 7 avril, un manifeste russe, à peu près semblable dans ses expressions à celui de la Prusse, mais qui allait beaucoup plus loin dans ses exigences il annonçait l’annexion de quatre mille milles carrés, renfermant plus de trois millions d’habitants, c’est-à(1) Correspondance de Buchholi! avec MffUendorf.

(2) Milles géographiques, quinze M degré.