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LE PAUTÂGE. SOS

auss: imparfaite que possible. Quelques observâtes sont encore nécessaires ici.

Il était évident que la Prusse ne pouvait acquérir une province polonaise sans accorder à la Russie un avantage égal. Mais, plus la prépondérance russe s’était accrue depuis Pierre I" plus elle se faisait sentir aux frontières de l’Allemagne, plus la Prusse devait apporter de prudence et de réuexion une délimitation de frontières destinée à amoindrir l’étendue du seul État qui la séparât de la Russie. Ceci, nul ne peut le contester; on avait d’ailleurs à Berlin un excellent modèle à suivre, dans les mesures prises par Frédéric II lors du premier partage de la Pologne. A cette époque, pas une syllabe n’avait été dite, pas un pas n’avait été fait sans qu’on eût sous les yeux les règles politiques qu’on s’était imposées; l’agrandissement de la Prusse aux dépens de la Pologne avait été constamment mis en balance avec le danger de voir s’augmenter la force de la Russie, et, sans qu’on l’exprimât jamais, jamais aussi on n’avait perdu de vue le double désir d’affaiblir la Pologne, et cependant de la maintenir comme nation indépendante. En 1793, personne à Berlin ne songeait à traiter ainsi cette question. On s’empara des provinces polonaises en se réjouissant de chaque nouvel avantage, et sans s’inquiéter des conséquences qui pouvaient en résulter. On s’appropria, sans autre considération que l’intérêt qu’on avait à améliorer les frontières, un territoire qui s’étendait à vingt milles au delà de la province actuelle de Posen, et l’on s’enleva ainsi la possibilité d’exiger de la part de la Russie plus de modération dans ses prétentions. La ligne de délimitation tracée par la Russie sur le papier (le papier souffre tout), d’une main avide et hardie cette ligne fut le coup de mort pour la Pologne. Ceux qui prenaient tant aujourd’hui ne pouvaient être demain satisfaits de si peu une telle spoliation impliquait l’anéantissement, un tel partage la ruine de la Pologne. Le roi de Prusse, comme nous le prouverons plus tard, ne comprenait pas cela en 1793; le malheur fut qu’il ne s’était fait ni une juste appréciation de la situation ni un système mûrement conçu, et que, sans plan arrêté, il se laissa entraîner par des impressions et des influences qui, prises séparément, n’étaient cependant que fort