Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

314 DEUXIEME PARTAGE DE LA POLOGNE.

mille Prussiens, une position menaçante pour la ligne de jonction de Miranda et de Dumouriez. Les Français n’étaient pas mieux couverts sur la frontière de Liège. Valence, qui y commandait à la place de Dumouriez, n’avait en tout que trente-six mille hommes; il avait établi son quartier général dans Liège même, et il eût désiré rassembler ses troupes dans les montagnes, entre cette ville, Hervé et Verviers mais les commissaires de la Convention, soit d’après les ordres de Pache, soit par suite de leur désir de démocratiser l’antique ville impériale d’Aix-laChapelle, l’avaient obligé d’étendre ses positions jusqu’à la Roër, position très-faible au point de vue stratégique. La moitié de son armée était donc disséminée au loin, Stengel à Eschweiler, Dampierre à Aix-la-Chapelle, Lanoue à Aldenhoven. Pour assurer le plus possible ces diverses positions, Lamarlière dut pousser quelques détachements en avant de la Roër, depuis Ruremonde jusqu’à Vassenberg, Dalheim et Arsbeck, ce qui donna lieu, dans le courant de février, à quelques insignifiants combats d’avant-postes et dispersa encore davantage les troupes françaises. Cependant Dumouriez, croyant toujours qu’il ne se trouvait que trente mille Autrichiens de l’autre côté de la Roër, s’abandonnait à l’espoir que ses généraux, avec leurs forces deux fois supérieures, arrêteraient facilement cet ennemi.

En effet, plusieurs semaines se passèrent avant que le prince de Cobourg se mît en mouvement. Le motif de cette hésitation était toujours le même, la faiblesse de ses moyens d’attaque. Déjà, à la dernière conférence, il avait dû redescendre du chiffre de soixante-neuf mille hommes à celui de cinquante-cinq mille; maintenant, une diminution d’égale importance venait encore d’être constatée il n’avait plus, à la fin de février, que quarante mille hommes sous les drapeaux. Le général Wurmser, de son côté, n’en comptait que quatorze mille au lieu de vingtquatre. On se trouvait donc en présence d’une insuffisance de troupes semblable à celle qui avait joué un si grand rôle dans les revers de l’année précédente. Le roi de Prusse, qui avait reçu, de la main même de l’empereur François, l’avis de l’entrée en campagne de deux cent vingt-cinq mille Autrichiens, poussait le prince à attaquer malgré les délices du séjour de Francfort, qu’il était loin de dédaigner, il brûlait du désir