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18( COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

il fallait employer la force pour contraindre les villages les plus rapproches de la capitale à lui fournir les approvisionnements dont olleavaitbesoin. D’un côté, aucun particulier, par crainte de la lantM’ne ou de la guillotine, n’osait se hasarder à faire le commerce du blé, de l’autre, les diverses autorités faisaient hausser les prix par des achats irréfléchis et précipités. Le ministre de l’intérieur lisait concurrence aux directoires des départements, et les agents de l’administration parisienne au minis.ire de la guerre. Il en résultait que le gouvernement payait le Blé anglais 30 pour 100 de plus que ne coûtait le blé français dans les départements de l’Ouest, que 2AO livres de froment étaient vendus 20 francs dans nn département et 97 dans un autre, et que, dans le même département, les prix subissaient en l’espace de quinze jours des oscillations de près de 100 pour )00 (1). A Paris, la Commune maintenait le prix du pain à un taux fort bas par un sacrifice de 120QQ francs par jour or, il était impossible de songer à trouver cette somme dans les caisses municipales la Convention dut donc lui accorder, dès le mois d’octobre, un secours de 6 millions, et elle apprit en. outre que la ville était en arrière de 2Q millions d’impôts environ (2).

Dans un tel état de choses, personne ne pouvait s’attendre à une prompte amélioration des finances et cependant la masse et la nécessité des dépenses croissaient de jour en jour. D’une part, on avait à supporter les charges de la guerre qui, par suite dugaspillag’c général, s’élevaient par mois à lasomme incroyable de 1AO, 160, et même 190 millions d’un autre côté, la misère toujours plus grande des villes et des villages provoquait de toutes parts de tels appels aux caisses de l’État que personne n’osait plus en calculer le chiffre enfin, les exigences des possesseurs du pouvoir devenaient toujours plus grandes. Le trait le plus caractéristique de cette désorganisation déplorable, c’est que ce fut désormais la question de finances qui influa plus que toute autre sur le cours de la Révolution et sur la politique extérieure de la France, et que c’est par elle qu’on peut le mieux juger les tendances des divers partis.

Le ministère, et tout ce qui s’y rattachait à la Convention, ne (1) DcpartemcatduFulistere, de 20~35 livres.(.Mb/M~M)’, du a9jaMV:f-rI793.) (2) Clavière, Rapport ~eNct’a~:o-?Ma/!CC~ 1" Mvrier 1793.