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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/234

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S80 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

Ainsi chaque démarche irritait davantage les différents partis, et l’on se trouvait encore plus éloigné en mars qu’en décembre de la réalisation du plan d’échange. Enfin, après de longues délibérations et hésitations, l’électeur refusa formellement de livrer Manboim aux troupes impériales, ce qui fut regardé à Vienne comme la preuve flagrante d’une entente perfide avec la France. Si ce n’eût été en considération de la Prusse et de l’Angleterre, le cabinet impérial eût procédé immédiatement au séquestre de la Bavière. Cette situation était parfaitement connue du quartier général prussien qui, par là mcmcj croyait devoir observer avec la plus sérieuse attention ]a politique impériale. Personne à Berlin ne ressentait une grande sympathie pour les vues de l’Autriche sur la Bavière ceux mêmes qui y étaient le plus favorables voulaient voir auparavant quelle serait la conduite de l’Empereur dans la question polonaise tous étaient unanimes à penser qu’il ne fallait pas permettre à l’Autriche un seul acte arbitraire en dehors des stipulations du traité de Saint-Pétersbourg. Ainsi, avant même le commencement de la campagne de France, la Prusse comprenait qu’elle ne devait avancer qu’avec une extrême prudence et lorsqu’elle se sentirait protégée de tous côtés, et, surtout qu’elle ne devait pas mettre toutes ses forces en jeu en faveur de l’Autriche, car, d’un moment à l’autre, elle pourrait avoir à se retourner contre cette puissance elle-même. « Si l’Autriche est en état de reconquérir les Pays-Bas, écrivait IIaugwitz le 9 mars, tant mieux pour l’empereur et pour nous nous le souhaitons sincèrement et nous n’abandonnerons pas sa cause mais nous ne devons pas oublier que notre rôle n’est pas de nous hasarder les premiers. )) Ce peu de mots contient la clef de tout ce qui s’est passé dans le cours de la guerre de la coalition tant que dura cette méfiance réciproque, les forces militaires de l’Allemagne furent condamnées à l’impuissance vis-à-vis de la Révolution.

Vers la même époque, lord Grenville reconnut que son système de combattre la Révolution d’une manière désintéressée n’était pas adopté à Vienne, et il ne chercha plus qu’à écar.ter la question bavaroise, qui présentait tant de dangers, en y substituant un autre plan de dédommagement, Il se déclara prêt à