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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/249

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CHANGEMENT DE MINISTÈRE EN AtJTRÏCHE.~ a~S

chiens une véritable tempête, d’étonnement, de colère et de jalousie, t J’en informerai l’empereur, dit Cobenzcl mais je ne puis exprimer mon opinion à cet égard; je ne sais ce que je dois penser; c’est une chose tellement grave, tellement différente de toutes les négociations antérieures, qu’il m’est impossible d’en bien saisir toute la portée. » Lorsque les ambassadeurs lui rappelèrent les explications données à Merle, à Mayence et à Vienne même, il déclara qu’il avait bien, en effet, été question alors pour la Prusse d’acquisitions en Pologne mais qu’il ne se rappelait pas en quoi elles devaient consister, car on n’avait rien décidé à cet égard; que, d’ailleurs, tout ce dont il avait été question alors n’était que bagatelle en comparaison d’une si immense extension. Évidemment ce manque de mémoire n’était qu’un détour pour cacher la véritable cause de son mécontentement. Ce n’était pas le plus ou moins d’étendue des provinces polonaises que s’attribuaient la Russie et la Prusse qui excitait ainsi sa colère, car ce projet lui était connu depuis les négociations du mois de décembre; ce qui l’irritait, c’était l’avantage immédiat accordé à la Prusse, tandis que celui de l’Autriche restait encore incertain et douteux; c’f’-tait surtout que cet important traité eût été conclu à l’insu de l’Autriche, ce qui témoignait d’une victoire complète remportée a Saint-Pétersbourg par l’influence prussienne sur celle de l’empereur; c’était enfin, comme preuve matéricuc de cette défaite, le peu de valeur du lot attribué à l’Autriche, en comparaison de l’importante proie dont s’emparaient les autres puissances. François II ne pardonna pas un semblable échec à ses hommes d’État, et, ne voulant pas punir immédiatement son ambassadeur à Saint-Pétersbourg, afin de ne pas rompre tout à fait avec la Czarine, qui le protégeait, il fit remonter son mécontentement jusqu’aux ministres qui lui avaient donné des instructions et n’avaient pas su prévenir une telle iniquité. Cette fols, il ne fut pas difficile à Colloredo de renverser du même coup ses deux rivaux, Cobenzel et Spielmann. Fidéle à ses habitudes de dissimulation, François II les reçut, le 27 mars, avec une bienveillance toute gracieuse et les congédia plus cordialement que jamais; mais lorsqu’ils rentrèrent chez eux, en quittant le château royal, ils y trouvèrent leur destitution. On leur donna de fortes pensions et