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2&4 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

a, ajouta Mack, une grande influence en ce moment. )) Chérin, qui n’avait nul pouvoir pour traiter une pareille affaire, chercha à rompre l’entretien; mais Mack répéta encore « Songez-y bien, si vous avez une négociation à entreprendre, c’est à la Prusse qu’il faut vous adresser. » Lorsque Cherin prit congé, Mack insista de nouveau « Ne pensez pas, dit-il, aux émigrés; l’empereur ne veut pas même les tolérer dans son armée; décidezvous à nouer des négociations avec la Prusse et à renoncer à vos plans de conquête. » « A Mayence surtout, ajouta Cobourg, et à tout ce qui dépend du territoire de l’empire. Alors il sera possible d’espérer un armistice, d’où un congrès et une négociation officielle pourront sortir (1). »

C’étaient les mêmes conditions qui avaient déjà été posées par la Prusse en octobre 179.2, et dont celle-ci eût maintenant salué l’acceptation avec une double joie. Cherin s’acquitta fidèlement de la mission qui venait de lui être donnée; mais en commettant l’erreur, bien naturelle dans sa situation, de croire que le désir de la paix se trouvait surtout du côté de l’Autriche. La Convention blâma aussitôt par un décret les commissaires qui entretenaient une correspondance avec l’ennemi; toutefois, cet orgueil belliqueux n’était qu’une feinte destinée à faire de l’effet sur les masses populaires les possesseurs du pouvoir, fermement convaincus des dangers de leur situation, prirent en sérieuse considération les paroles du général autrichien (2).

Malheureusement pour l’Europe, la base du plan de Cobourg, la bonne intelligence de l’Autriche et de la Prusse, aussi nécessaire à la continuation de la guerre qu’à une négociation, était en ce moment complètement renversée. Le jour même où Cobourg conclut définitivement avec Dumouriez, le 27 mars, la malheureuse question polonaise amena à Vienne un revirement qui éloigna tout à fait la politique autrichienne des voies tracées par Cobourg et de l’alliance prussienne.

Le texte du traité de Saint-Pétersbourg avait été enfin communiqué à Vienne le 23 mars 1793 par les ambassadeurs de Prusse et de Russie, et avait provoqué parmi les hommes d’État autri(1) Rapport de Cherin (papiers du Comité de Salut public).

(2) Voyez aussi le rapport de l’adjudant de Dampierre (C. N. 19 avril).