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CHANGEMENT DE MINISTÈRE EN AUTRICHE. 249

et il chercha un point d’appui de ce côte. Un des maîtres de la diplomatie autrichienne, le comte Mercy, reçut le 29 mars l’ordre de se rendre à Londres, afin d’y déclarer que l’Autriche partageait complètement les idées de l’Angleterre sur le caractère général de la guerre, et qu’elle ne prétendait pas se mêler de ce qui avait trait à la constitution française, mais seulement prévenir l’attaque des Français. Dans ce but, Mcrcy devait proposer une active coopération des deux puissances. Comme récompense, il devait demander, avant tout, l’adhésion de l’Angleterre à l’échange bavarois. L’Autriche, de son côté, s’engageait à faire tous ses efforts pour conquérir, comme le désirait l’Angleterre, une ligne de forteresses françaises dont une partie devaient être ajoutées au nouvel état belge, et comme la Bavière ne devait être pour elle qu’une compensation trèsinsuffisante, elle demandait à acquérir quelques places en Alsace. Thugut insista expressément, dans les instructions qu’il donna à Mercy, sur ce qu’il était urgent que l’Angleterre approuvât et appuyât l’échange bavarois, attendu que, sans cela, l’Autriche serait forcée de s’emparer d’une province polonaise, ce qui pourrait amener des complications infinies.

Cinq jours après la rédaction de cette pièce, le avril, eut lieu la première délibération au sujet du traité de Saint-Pétersbourg, entre le ministre et les ambassadeurs de Prusse et de Russie. Ainsi que nous le savons déjà, les deux puissances, par ce traité, promettaient de prêter secours à l’empereur pour j’échange bavarois, s’il consentait à leurs acquisitions en Pologne. Quand on compare cette (Jause avec les instructions de Mercy, la ligne à suivre pour arriver une entente générale semble indiquée aussi clairement que possible. L’Autriche n’avait qu’à se déclarer prête à souscrire au traité de Saint-Pétersbourg, à la condition qu’on ajouterait à l’échange bavarois quelques places fortes de la frontière française. Si les deux cours acceptaient cette condition, le but était atteint et la grande alliance solidement conclue; si elles refusaient, l’Autriche aurait au moins fait preuve de bonne volonté, et se fût libérée de toute responsabilité quant aux conséquences de la rupture. Mais, comme nous l’avons dit, une telle manière d’agir paraissait au ministre impérial beaucoup trop simple et trop droite pour être habile. Peut-