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CHANGEMENT HË MINISTÈRE EN AnïRMHE. 265

ment, jointe aux nouvelles repues d’Anvers, fit redouter de nouveau de voir la Bavière envahie à l’improviste par les troupes de la réserve autricliienne, dont le séjour dans leurs foyers, incompréhensible en présence de la faiblesse de Cobourg, se trouvait pleinement justifié par cette supposition. Le prince de Nassau-Siegcn, qui jouissait alors comme agent de la Russie de toute la confiance du roi, et qui, avec une légèreté inconsidérée, dévoilait partout les pensées secrètes des gouvernements, disait ouvertement que l’occupation de la Bavière par les Autrichiens ne pouvait être tolérée.

Sur ces entrefaites, le roi de Prusse reçut de Vienne la nouvelle de l’opposition de Thugut au traité de Saint-Pétersbourg; puis, bientôt après, le rapport de Buchholz sur l’attitude hostile que le chargé d’affaires autrichien à Varsovie prenait vis-à-vis de la Prusse. L’impression qu’en éprouva le roi fut aussi profonde et aussi pénible que possible. Il écrivit à Tauenzien que S. M. Impériale était sans doute irritée des avantages que son ancienne alliée venait de remporter, et le ministère demanda à Vienne à quel traité Thugut adressait le reproche de déloyauté. Si l’Autriche restait hostile à la Prusse dans la question polonaise, la Prusse se trouvait délivrée par là de tout engagement en dehors du traité de février et de la défense de l’Empire en d’autres termes, elle ne se croyait plus tenue à fournir qu’un corps d’armée de vingt mille hommes. On résolut donc, en premier lieu, de continuer le siège de Mayence, l’une des places fortes les plus importantes de l’Empire, mais de faire dépendre toute attaque ultérieure de la conduite de l’empereur. Au fond, la guerre de la coalition était déjà terminée, au bout de quatre semaines. L’opposition de l’Autriche n’eut d’autre résultat pour la Pologne que de hâter les démarches des deux puissances. Le roi, qui mettait maintenant tout son espoir dans la Russie, donna à Mocllendorf l’ordre de ne rien faire dans la question des frontières sans l’assentiment de Catherine; quant à la Russie, elle voulait, avant tout, terminer ses propres affaires en Pologne; Sievers fut donc sommé de déployer un redoublement de zèle, et Razumowski dut presser à Vienne l’adhésion de l’empereur au traité de Saint-Pétersbourg, en dépit de toutes les diuicultés qui surgissaient.