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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/26

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3t COMMENCEMENT M: LÀ’GUEHKË ÂNGLO-fRANÇAISE.

de sa situation pour t’énoncer à son attitude démocratique il resta, après comme avant, homme du peuple, orateur de club et chef de la montagne mais, au fond, il n’avait d’autre désir que celui de jouir des fruits récoltés jusqu’ici, et de tirer encore d’autres avantages du mouvement général. Aussi s’accordait-il complètement avec les ministres, autant pour ce qui regardait leur attitude expectante entre les partis que pour leur soif de conquête à l’étranger et leur, amour du butin. II pesait par là d’un poids immense dans la balance.

Le gouvernement était donc, à la fin d’octobre, décidé à prendre l’offensive sur tous les points. Depuis le milieu de septembre, on armait contre l’Espagne sur terre et sur mer. On n’avait aucune plainte sérieuse à élever contre le roi Charles IV; mais l’état d’appauvrissement dans lequel était tombée l’armée espagnole, permettait d’espérer de prompts et brillants succès de ce côté, et il n’en fallait pas davantage pour enflammer l’inquiète ambition de Brissot et de Lebrun. La cour de Madrid, en dépit de toute son indignation contre la Révolution, avait, comme l’empereur Léopold, saisi le prétexte de l’acceptation de la Constitution par Louis XVI pour cesser tout préparatif sérieux contre la France. A la fin de 1791, lorsque la Gironde déploya son activité démagogique et belliqueuse et chercha à insurger les provinces espagnoles voisines des frontières, les princes émigrés trouvèrent, il est vrai, un appui généreux à Madrid mais le gouvernement espagnol était trop faible pour persister longtemps dans la même ligne de conduite. Le 2 mars 1792, le ministère des affaires étrangères fut confié à Madrid au comte Aranda, vétéran du parti philosophique et libéral du temps de Charles 111, qui ne faisait pas mystère de sa sympathie pour la France et qui, vu l’impuissance militaire dans laquelle se trouvait l’Espagne, chercha à tout prix à conserver la neutralité. Mais, les journées du 20 juin, du ’!0 août, du 2 septembre, et l’abolition de la royauté, produisirent la plus terrible impression à Madrid, et y excitèrent dans tous les cœurs la douleur, l’effroi et l’indignation. La police espagnole survciHa dès lors rigoureusement les Français établis en Espagne, les émigrés français trouvèrent un cordial accueil à la cour, l’ambassadeur espagnol à Saint-Pétersbourg se plaignit amèrement de la lenteur avec laquelle les pré-