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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/272

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â68 SUSPENSION DE LA GUER&E DE LA COALITION.

munistes, ne songeait qu’à acquérir du butin pour elle et ses partisans. Maillard et ses afudés, parmi lesquels se distinguaient particulièrement Fournier, le chef des derniers massacres de Versailles, et un Polonais d’un extérieur agréable mais de moeurs dissolues, nommé Lazowski, s’agitaient dans tous les quartiers, exhortant le peuple non plus à parler et à attendre, mais à prendre, comme aulOaoût, le gouvernail des affaires, et à exterminer encore une fois tous les traîtres.

En ce moment, Danton arriva de Belgique et fit entendre au milieu de ce tumulte une nouvelle motion,d’une immense portée. Par tous ses souvenirs, ses penchants, ses relations, Danton avait encore de profondes racines dans le parti populaire, dont les violences avaient servi.de base à sa grandeur mais son court passage au ministère avait suffi pour éveiller en lui les sentiments d’ordre et de conservation de l’homme d’État, et pour lui inspirer un profond mépris pour ses anciens amis de l’Hôtel de ville. Il voyait clairement que la France, au dedans comme au dehors, avait besoin d’une dictature; en présence de tant de dangers, il lui semblait Insensé de parler encore de liberté et non de pou.voir militaire; pour lui, une seule chose était importante, parer l’attaque des étrangers. Il n’avait jamais eu de principes, ni politiques ni moraux d’ailleurs, tout était si profondément bouleversé en France, que tous les~systèmes lui semblaient également bons ou mauvais il était donc prêt à se joindre à tout parti qui mettrait de l’intelligence, de la bonne volonté et un secours énergique au service de ne qui était à ses yeux_la grande tâche du moment, la délivrance’du pays menacé parles étrangers. Le jour même de son retour, il s’élança à la tribune pour demander un gouvernement fort et national, qui réunît tous les partis de la Révolution, toutes les ressources du pays, toutes les forces de l’Etat, un gouvernement, en un mot, exercé directement par l’Assemblée, par les chefs de la Convention eux-mêmes. Ces paroles impliquaient la condamnation de tout ce qui avait été fait jusque-là. La liberté efTrénée de 1789 avait conduit le pays à l’abîme en s’y précipitant elle-même la France, poussée par le sentiment de sa conservation, allait se jeter, pour sauver son existence, dans les bras d’un pouvoir non moins effréné. La motion de Danton causa d’abord de tous côtés un muëî