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280 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

du mépris pour lui et une haine violente contre les membres de la confédération de Targowice. En même temps, le roi s’entendait aussi avec quelques-uns de ces derniers, notamment avec le vice-maréchal Walewski et le général Rzewuski, lesquels encourageaient la confédération dans sa résistance aux dernières exigences de Sievers. Tout en suscitant chaque jour de nouveaux obstacles à l’établissement du conseil permanent, ils décidèrent la Généralité, c’est-à-dire le gouvernement établi par la confédération, a adresser à Sievers une réponse favorable et polie; quant à la Prusse, on ne voulut rien lui répondre encore, et l’on se borna à envoyer à.Sievers une protestation énergique à son égard.

Cette conduite des Polonais répondait jusqu’à un certain point aux vues de Catherine. Ce n’était qu’à regret qu’elle avait consenti à ce que la Prusse mît le pied en Pologne elle s’était bien promis de ne partager aucunement avec elle la direction de cet. État elle voulait conserver toute la prépondérance, et régler en Pologne les affaires de la Prusse aussi bien que celles de la Russie. Les propositions des Polonais s’accordaient avec ces idées; cependant la confédération aurait dû comprendre que le moment de jeter le masque n’était pas encore venu pour la Russie. Tant que Sievers n’eut pas son traité entre les mains, il soutint la cause prussienne comme la sienne propre, et si, dans sa bienveillance, il permit aux Polonais des déclamations qui durèrent plusieurs semaines, il sut ensuite les ramener à la soumission par une réprimande courte, mais péremptoire. Comme ils persistaient dans leur protestation, il ordonna que Walewski, Rzewuski et leurs partisans quittassent la Généralité, sous peine d’être envoyés en Sibérie comme ayant offensé son auguste souveraine. Ces derniers, ne pensant pas que ces menaces fussent sérieuses, hésitèrent quelque temps à se rétracter alors Sievers écrivit au roi, le 2~ avril, que personne plus que lui ne désirait le bonheur de la Pologne, mais que quelques hommes présomptueux et insensés contrecarraient tous ses plans; qu’il aurait voulu délivrer la ville de Grodno des logements de troupes qui l’opprimaient, et que la protestation l’empêchait de mettre ce projet à exécution qu’il avait donné au général Jgelstrœm l’ordre d’indemniser les pro-