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286 SUSPENSION DE LA OUËRM! DE LA. (CAUTION.

et enfin fondre sur elles et les disperser, ce qui lui aurait ouvert et livré sans défense tout l’est de la France (1). Mais une telle manière de faire la guerre était incompatible avec la nature prudente et circonspecte du duc; de plus, la situation politique que nous venons de décrire rendait cette conduite impossible. Si l’on exterminait les armées françaises, on devait s’attendre à voir le général Wurmser, accueilli en Alsace comme un libérateur, prendre sans obstacle possession de cette province au nom de l’Autriche mais alors cette dernière serait libre de songer sérieusement à la conquête de la Bavière} et nul ne pouvait prévoir quel en serait le contre-coup pour la Pologne. On ne pouvait donc pas encore engager une action décisive; il fallait seulement s’appliquer à maintenir l’équilibre entre un ami hostile et un ennemi bienveillant. Le roi, dont la politique légère et imprévoyante n’était pas à la hauteur d’une situation si compliquée, répétait qu’il ne voulait pas, sans doute, venir en aide à l’Autriche, mais que, comme prince allemand, il protégeraitIesËtats del’empire. Au lieu donc d’exterminer les armées françaises, on n’assigna pour objet à la campagne que de reprendre Mayence, ainsi que cela avait été décidé à Francfort au mois de février, avant le cruel échec de Custine. La moitié de l’armée, c’est-à-dire plus de quarante mille hommes, fut employée au blocus de cette place le reste des troupes forma Un cordon d’observation, depuis Kreuznach et Deux-Ponts jusqu’à Germersheim.

Les funestes conséquences de cette résolution ne tardèrent pas à se manifester. Malgré l’habileté avec laquelle Brunswick échelonna les postes de ce cordon sur les rochers escarpés du Rheingrafstein, dans les défilés de Kaiserslautern et dans les plaines fertiles du Palatinat, chaque point, pris isolément, était trop faible pour résister à une attaque. Les distances étaient exactement t mesurées pour qu’il fût permis de se secourir Mutuellement 3 malheureusement, Wurmser, qui formait avec quinze mitit.! hommes une des ailes de l’armée, sur le Rhin et la Lauter, pressait toujours pour qu’on tentât l’aventure en Alsace il fallut, pour conserver de l’ensemble et de l’entente, obtenir que (1) Valentuu chez les Allemands, et Gouvion Saint-Cyr chez les Français, s’accordent à reconnaître cette nossibitiM. Le Maréchal SotUt est aussi de cet avis.