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990 SttSPËNSlON DE LA GUERRE DE LA COAUTtON.

abattu, laissait sommeiller les affaires ou s’en occupait sans méthode, et lui qui, trois mois auparavant, ne demandait qu’à bouleverser le monde, n’aspirait plus qu’à la paix et était prêt à l’acheter à tout prix. Quant aux partis qui divisaient la Convention, les Girondins, bien qu’ils eussent, allumé la guerre, partageaient pleinement les sentiments du ministre, car ils reconnaissaient enfin que leur politique, soit intérieure, soit extérieure, n’avait été jusqu’ici profitable qu’aux Jacobins. Pour ces derniers, ils ne voyait rien au-dessus du décret du 15 décembre, et Robespierre, allant encore plus loin qu’eux, couronna le 24 avril son projet de déclaration des Droits de l’homme par quelques articles fulminants dans lesquels il proclamait le devoir de tous les peuples de combattre à outrance les rois et les princes, comme oppresseurs de l’humanité et rebelles à la nature. Entre ces deux opinions opposées, Danton prit une situation aussi nette et aussi précise que celle qu’il avait déjà prise lors de la création du Comité lui-même. Il était loin de désirer la paix aux conditions humiliantes ~qu’eût acceptées la Gironde, il ne se dissimulait pas qu’une paix semblable les ruinerait tous et les conduirait au gibet. Suffisamment instruit, d’ailleurs, du trouble et du désaccord qui régnaient au sein de la coalition, il trouvait dans cette situation plus de motifs pour avancer avec audace que pour reculer timidement; mais l’impétuosité irréfléchie des Jacobins lui faisait pitié; il trouvait absurde de rejeter une alliance utile avec un État, par le seul motif que le chef de cet État portait une couronne. La Montagne murmura lorsque, le 13 avril, tournant en ridicule le principe de guerre à tous les rois, il demanda s’il existait un citoyen français qui fût disposé à verser son sang pour renverser l’empereur de la Chine mais il atteignit son but, et fit décider par la Convention que la France, de même qu’elle ne souffrirait aucune intervention étrangère dans les affaires de sa politique intérieure, renonçait à intervenir dans la constitution des autres États. « Vous avez, par votre décret, posé les bases de la paix, dit Barére le 16 avril, à propos, de ce changement dans la politique de îa Révolution et la majorité prouva la satisfaction qu’elle en ressentait en votant immédiatement une somme de 0 millions pour continuer les négociations commencées par le Comité. ·