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29& SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

blesse et à l’indécision de son caractère, diverses circonstances se réunirent pour amener un changement complet dans sa politique. Depuis cent ans, il était accepté comme article de foi pour ’les rois de Suède que leur État ne pouvait subsister qu’a l’aide de subsides étrangers. Pendant quelques années, ces subsides avaient été fournis par Catherine, mais celle-ci les avait retirés .lors de la déclaration de neutralité dés lors, le ministre Reuterholm, qui n’avait que des pensées de lucre et d’ambition, ne songea plus qu’à se procurer de l’argent, n’importe de quel côté et n’importe à quel prix. L’ancien ambassadeur à Paris, le baron de Staël, mit enfin un terme à ses perplexités sur le parti à prendre, en lui démontrant les dangers qui le menaçaient de la part de la Russie en janvier 1793, Staël fut donc envoyé de nouveau à Paris, avec mission d’offrir à la République l’alliance de la Suéde en échange d’une somme d’argent considérable, sous le prétexte que 1~ commerce neutre était~ menacé par l’Angleterre (1). Tant qu’il eut à traiter avec Lebrun, qui ne voulait à aucun prix étendre le théâtre de la guerre, déjà si vaste, il avança peu; mais aussitôt après l’établissement du Comité de Salut public, la négociation reçut une impulsion si forte qu’il fut signé, le 23 mai, un traité par lequel la Suède promettait d’équiper dix vaisseaux de ligne, et huit mille hommes destinés à combattre les ennemis de la France. Dans le même moment, une déclaration publiée à Stockholm remettait en vigueur les principes de 1780 sur le commerce neutre, qui étaient si hostiles aux Anglais (2). On ne pouvait donc plus douter à Paris que le roi de Suéde ne ratifiât le traité quant au Comité, il l’avait ratifié dés le 17 mai.

Les gouvernants français pensèrent avoir remporte là un avantage important; en effet, c’était une chose considérable en ellemême que ce premier traité conclu par la France révolutionnaire avec une puissance de l’ancien régime. Quelque faibles que fussent les secours promis par la Suède, le traité pouvait être regardé comme un premier pas vers l’intervention active (1) Cette négociation a été.mentionnée pour la première fois, mais d’une manière très-incomplète, dans les Mémoires de Barere. Je me guide ici sur une relation détaillée que Staël en a adressée plus tard au Comité de Salut public (15 germinal, an III).

(2) Moniteur, 2 juin.