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GUERRE ET DIPLOMATIE EN AVRIL ET EN MAI. &93

dans les affaires de Pologne; de plus, ce premier succès fit songer de nouveau a envoyer une ambassade à Constantinople. Le Comité reprit ce projet avec ardeur, Sémonville fut encore une fois désigné, les sommes nécessaires a son équipement furent rassemblées, et une démarche pacifique, presque humble même, faite par Lebrun, fut ratifiée sans réserve, parce qu’elle s’accordait avec ce nouveau plan. Aussitôt après la perte de la Belgique, le ministre avait fait demander secrètement au cabinet de Londres à quelles conditions l’Angleterre consentirait à rétablir la paix (1). Ici, le sens pratique de Danton fit taire chez lui tout sentiment d’orgueil militaire, car il était évident que la paix avec l’Angleterre était la première condition nécessaire à la guerre d’Orient. Que ne devait-on pas espérer si l’on réussissait à allumer la guerre sur les derrières de’la coalition, sur le Danube et sur la Vistule, sur la Duna et sur la Néva tout à la fois C’était la première fois que les fautes de la coalition traçaient à la politique française la route qu’elle avait à suivre, mais ce ne devait pas être la seule. La rupture entre l’Autriche et la Prusse, dont le gouvernement français connaissait jusqu’aux moindres particularités, nous verrons bientôt par quelles sources, fournit à la même époque au Comité de Salut public l’occasion d’adopter un système nouveau, non plus sur les rives de la Vistule, mais sur celles du Rhin. De même que dans la question suédoise, le Comité n’eut pas ici le mérite de l’invention; mais il sut profiter avec adresse et énergie des circonstances qui lui étaient offertes. La première impulsion lui fut communiquée par le général Custine, qui, à l’exemple de Dumouriez, ne perdait jamais de vue les grandes questions politiques au milieu de ses mouvements militaires, et qui accablait sans cesse le gouvernement de projets de constitutions, de plans de guerre, de combinaisons diplomatiques. Ses anciennes espérances de soumettre du premier coup tout l’empire allemand avaient fait place à une extrême circonspection, qui se manifestait dans tous ses actes militaires. Il rejetait toute la faute de ses désastres sur les erreurs de son gouvernement, se plaignait de ce que Pache l’avait laissé sans renforts, comme l’armée de Belgique, et de ce que Beur(1) D’après les proces’vcrbaux des séances du conseil des ministres.