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GUERRE ET DIPLOMATIE EN AVRIL ET EN MAI. 297

de savoir si les princes ecclésiastiques étaient de bons évêques, mais on savait trop bien que les évêques administraient d’une manière déplorable. A peu d’exceptions près, leurs terres étaient grevées de dettes et leurs villes appauvries l’agriculture, l’industrie, la civilisation, l’instruction, restaient chez eux bien en arriére de ce qu’elles étaient chez leurs voisins séculiers. Et, depuis le commencement de la guerre, combien se manifestait la décadence militaire de ces petits États, quelle n’était pas la faiblesse des frontières occidentales de l’empire, qu’ils occupaient en entier! Mayence et Trèves, a. la seule approche de Custine, avaient donné l’exemple de la bassesse et de la lâcheté les cercles du ’Haut-Rhin et de la Franconie, leurs voisins, s’étaient hâtés de déclarer à l’empire qu’ils n’entendaient prendre part en rien à une guerre impériale, que le premier des devoirs consistait à. se garder soi-même, et qu’ils resteraient fidèles à cette maxime à l’égard des Ëtats déjà attaqués; ;l’évêque de Paderborn avait annoncé qu’il ne pouvait fournir ni troupes ni subsides considérables, mais qu’au besoin cependant il saurait prouver son patriotisme en payant une légère contribution. Il en avait été de même pour les villes impériales et beaucoup de petits souverains. Par là se manifestait l’impuissance générale de la constitution féodale, qui, depuis la transformation des grands territoires, n’avait plus de représentants caractéristiques que dans les villes, les prélats et les chevaliers de l’empire. Mais c’étaient surtout les fondations ecclésiastiques qui présentaient le contraste le plus frappant avec les grands États séculiers..Chacun savait, dans le peuple, que ces deux éléments de l’empire étaient d’une nature tout à-fait incompatible, que les unes représentaient le nasse et les autres l’avenir du pays; que les unes étaient les membres inertes, les autres, les organes vigoureux de la nation. Dans cette situation, on devait considérer comme un bonheur que le vieil adversaire de l’empire, qui, jusque-là, avait toujours cherché à y entretenir et à y augmenter la faiblesse, lui offrît maintenant le moyen de recouvrer sa force et sa vigueur. Qu’on se rappelle les nombreuses attaques effectuées par la France depuis des siècles sur les frontières allemandes déjà si compromises; qu’on place en regard la proposition du peuple français de donner à la Prusse la province du Rhin telle qu’elle la possède aujour-