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CHUTE DE LA GIRONDE. sol

le système du comité présente dès les premiers instants. H est hors de doute que Danton, et surtout ses collègues du centre, voulaient alors mettre des bornes à la souveraineté communiste du peuple, former un gouvernement raisonnable et intelligent, et ramener la politique extérieure à un système régulier et modéré. C’est dans ce but qu’ils avaient fait une tentative pour se concilier la Gironde, et le refus de celle-ci n’avait nullement changé leur manière de voir. Leur situation était donc fort critique. Tandis qu’ils étaient en tout point hostiles au programme des Jacobins, le soin même de leur propre conservation les forçait à soutenir ces derniers et à se mettre à leur tête. C’était à l’abri de leur autorité que la démagogie soumettait peu à peu tout le pays, et ils devaient tolérer, aider, applaudir, quoiqu’ils fussent bien convaincus que la victoire complète du parti jacobin réduirait leurs plans à néant. C’étaient surtout leur politique extérieure et leur système de guerre qui devaientsouffrir de cette contradiction. Déjà Marat accusait de trahison leurs principaux généraux, et personne, dans les cercles de l’Hôtel de Ville, n’aurait pu sans danger de mort parler d’une alliance avec des têtes couronnées. Le contre-poids que la Gironde opposait encore à la Convention à l’omnipotence de la Montagne, permettait seul au Comité de poursuivre ses négociations. Il était donc, de même que les anciens ministres, placé entre les deux partis, forcé de tolérer la continuation de leur lutte, et réduit àles employer adroitement l’un contre l’autre que l’un de ces partis remportât une victoire décidée, et la position du Comité n’était plus tenable, c’en était fait de son existence.

Le parti démocratique le comprenait, aussi s’empressait-il de profiter des instants favorables pour consolider lesavantages’qu’il avait déjà remportés, et pour triompher des derniers obstacles. Après avoir conquis Paris en janvier, il voyait également son temps venu dans les provinces. Les commissaires de la Convention y étaient investis d’une autorité bien supérieure à celle qu’avaient possédée en septembre les envoyés de la Commune, et tous se montraient prêts à rivaliser de zèle pour répondre aux espérances de leur parti. La levée de trois cent mille hommes décrétée en mars, avait, nous nous le rappelons, servi de prétexte à leur mission. Jusqu’ici, ce décret n’avait pas encore produit