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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/311

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CHUTE DE LA GIRONDE. S07

sûre d’avoir les sympathies générales si elle entrait dans la lice pour la défense de ces biens. Il n’y avait pas de temps à perdre; à côté des agitations qui bouleversaient les départements, le parti de l’Hôtel de Ville commençait à vouloir mettre en pratique à Paris les droits du peuple posés en principe par la Convention, c’est-à-dire le droit au travail, aux denrées à bon marché, à l’impôt progressif. Comme toujours, le conseil de la Commune, dirigé par Pache avec un zèle réfléchi et une habile souplesse, était à la tête du mouvement. Le prétexte de ce mouvement fut le besoin d’argent de la Commune, laquelle demandait chaque année des subsides plus considérables aux caisses de l’Etat, et, par conséquent, se trouvait immédiatement en désaccord avec chaque nouveau gouvernement. Cambon, qui dirigeait les finances au Comité de Salut public, était sincèrement révolutionnaire cependant, lui-même frémit de colère lorsqu’il découvrit que l’État avait déjà avancé 110 millions à la Commune, et que de nouvelles avances lui étaient sans cesse demandées à des échéances indéterminées. II déclara alors que non-seulement il n’accorderait plus rien, mais qu’il exigerait le remboursementdes sommes prêtées. Pache,comme decoutume, reçut cet avertissement avec soumission et humilité, laissant à quelques-uns de ses amis le soin de représenter que la mesure proposée porterait à son comble la colère du peuple, et peu à peu Danton réussit à convaincre son ardent collègue de l’impossibilité d’un remboursement (1). Toutefois, pour ce qui regardait de nouveaux prêts, le Comité resta inébranlable; ce fut alors que la Municipalité, bien décidée à ne pas renoncer aux avantages qui lui avaient été accordés jusque-là, donna à son parti le signal du soulèvement. Le lendemain du jour où avait paru le décret qui donnait cours forcé aux assignats, le i2 avril, une section se présenta à la barre de l’Assemblée pour demander que l’on abaissât le prix fixé pour la farine, le pain, le bois, le luminaire, la viande, le vin, le sucre et le café. En même temps, pour effrayer la Convention et exciter la populace, on répandit dans les rues le bruit que la famine était imminente. Aussitôt les boutiques de boulangers furent assaillies, et les orateurs des places publiques provoquèrent le (1) Discussions des Jacobins, 26 août, dans le ~MMcc~ /ra)!MM, n° 247 (Buchez, 28~ 485).