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CHUTE DE LA GIRONDE. 319

ces malheurs à la Convention, le gouvernement affecta une dédaigneuse fierté. Toutefois, il était si effrayé que Lebrun chargea un diplomate saxon, qui quittait justement. Paris en ce moment, de porter à Vienne des propositions de paix basées sur la reddition de toutes les conquêtes et sur une indemnité accordée aux princes allemands (1) le Comité de Salut public.conçut même la pensée d’offrir à l’empereur la liberté de la malheureuse Marie-Antoinette, s’il voulait renoncer à inquiéter davantage la République. Dans cette situation, la simple raison aurait commandé au Comité de chercher à faire cause commune avec la Gironde; mais Barère et ses amis n’étaient mus que par l’égoïsme et ne comprenaient ni les principes de la justice ni l’amour du bien public; leur haine contre les Girondins l’empertait sur la terreur que leur inspiraient les Autrichiens surtout ils redoutaient la vengeance des bandits révolutionnaires et n’osaient abandonner leur cause. Depuis quelques semaines, le Comité était donc chancelant et irrésolu. Le 18, Barére avait formellement déclaré à la Convention qu’il fallait enlever à la Commune la disposition de la force armée puis, le 20, Cambon avait fait décréter un emprunt forcé d’un milliard sur tous les riches de France, ce qui était tout a fait conforme aux idées de la Commune. Enfin la jalousie l’emporta; redoutant dans la nouvelle commission des Douze des tendances à l’établissement d’un ministère girondin, le Comité se sépara ouvertement de la Gironde en demandant à la Convention, le 29 mai, de lui adjoindre cinq nouveaux membres qui travailleraient à poser les bases de la nouvelle constitution et afin qu’il ne pût exister aucun doute sur la signification de cette demande, il désigna le 30 au choix de la Convention, le dantonisteIIérault-SécbeHes, Saint-Just et Couthon, les amis les plus intimes de Robespierre, et deux zélés Jacobins, Ramel et Mathieu. Il était certain dés lors que la Gironde ne devait pas plus compter sur l’appui du Comité que sur la faveur de la Commune.

L’heure de la lu tte était arrivée. On voulait procéder comme au 10 août, et établir d’abord à l’Hôtel de Ville un gouvernement (1) Haeften aux états-généraux, 8 juin. Le diplomate était le secrétaire du comte Satmour, envoyé de la Saxe près de Louis XVI; ce secrétaire était resté & Paris j)]sqn’a)ors.