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SM SUSPENSION DE LA GUERRE t)E LA COALITION.

provisoire composé de commissaires des sections, lesquels auraient été investis par le peuple souverain d’une puissance illimitée. Dans la nuit du ~0 mai, ces commissaires furent nommés dans vingt-six sections (1); à trois heures du matin, le tocsin commença a sonner, et à six heures les commissaires prirent possession de l’Hôtel de Ville. Henriot. fut nommé commandant de la garde nationale, la générale fut battue dans toute la ville, le service des postes fut interrompu et les lettres interceptées, un salaire de hO sous fut promis à tous les prolétaires, et enfin, ce qui était l’affaire principale de la journée, un acte d’accusation fut rédigé contre trente-quatre Girondins. On espérait, au moyen d’incessantes patrouilles qui sillonnaient la ville, tenir éloignés de la Convention la masse des citoyens, lesquels, ignorant la cause du tumulte, s’empressaient au son du tocsin de courir à leurs lieux de rassemblement, eti’on comptait ainsi, avec le secours des tribunes bien remplies, obtenir de la Convention l’arrestation des victimes désignées. Tout se passa d’abord au gré des démocrates. La gauche attaqua la commission des Douze, qui lutta vainement pendant trois grandes heures pour placer un mot de défense, et qui se déclara enfin disposée à céder tous ses pouvoirs auComi’té de Salut public. Mais, dans l’après-midi, un grand changement s’opéra. Malgré tous ses efforts, Henriot ne put empêcher que le but de l’insurrection ne fût discuté par des masses toujours plus considérables de citoyens; peu à peu cette disposition se communiqua d’une section a l’autre; plusieurs envoyérentdes commissaires àl’Hôtel de Ville, lesunespoursurveitler ce qui s’ypassait, d’autres pour demandera laMunicipaIité compte de sa conduite; à la section du Contrat social, la garde nationale menaça de faire feu sur les patriotes (~) enfin les sections de 1792, de la Butte-des-Moulins, du Mail et des Gardes-françaises résolurent (3) d’occuper le Palais-Royal avec leurs bataillons et leur artillerie, et d’y prendre une position assurée, d’où ils pourraient tout à la fois protéger la Convention et menacer l’Hôtel ’de Ville. L’effet de ce revirement se fit aussitôt sentir aux Tui(1) Tel fut le nombre des sections qui envoyèrent des députes à la Convention. Le procès-verbaldela Communeest incxactquand i) porte ce nombre à trente-trois. (2) Procès-verbal de la Commune, 1" juin. (3) C, N., 31 mai (Buchez, 27, 352).