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3~8 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

paient défendre leurs châteaux et leurs fermes contre l’ennemi, ne cachèrent pas leur attachement à la royauté, et redemandèrent leur ancien clergé si respecté de tous, des jeunes comme des vieux. Lorsque la garde nationale des villes eut reçu l’ordre de faire exécuter la loi, il s’établit une lutte, courte à la vérité, mais générale, dans laquelle les paysans montrèrent une brutale cruauté qui remplit les villes de colère, et qui se termina enfin, au commencement de mai, par la répression complète de l’insurrection (i). Cette lutte eut pour résultat de faire taire dans les villes de Bretagne les haines de partis qui divisaient la France; les Jacobins n’y prenaient aucune mesure oppressive contre les habitants, et le combat même enflammait la classe moyenne pour la Convention, en faveur de laquelle elle avait pris les armes. A peine l’opposition qui existait entre les autorités parisiennes et la représentation nationale fut-elle connue dans ces contrées, qu’un cri parti du Finistère électrisa tout le pays il fallait, disait-on, faire sentir à tous les ennemis de la nation, aux Jacobins aussi bien qu’aux royalistes, la force d’une armée bretonne; et, sur-le-champ, plusieurs bataillons de volontaires se réunirent pour marcher à la défense de la Convention. Dans ces circonstances, le 2 juin ne pouvait manquer de produire partout un profond ébranlement il envenima les haines et augmenta le nombre des opposants. La riche et puissante ville de Bordeaux, si fière jusque-là de ses éloquents députés, se ’leva la première. Elle déclara vouloir arracher ceux-ci à un emprisonnement illégal, et ordonna un armement qui devait suffire à cette tâche. Cependant une partie de ces députés, ayant réussi à se soustraire à leur captivité, fort douce d’ailleurs, s’étaient empressés de courir, les uns à Lyon, les autres en Bretagne et en Normandie, pour propager le mouvement et lui donner de l’ensemble. Partout ils étaient reçus à bras ouverts. En Normandie, la classe aisée, qui s’était toujours montrée fort modérée mais animée de sentiments sincèrement monarchiques, ne voulait à aucun prix entendre parler de la souveraineté de la démocratie. Les bourgeoisies de l’Ain, du Jura et de la Haute-Loire se réunissaient en foule (1) V. PuchateUier, ~’<oH’e.</e la Révolution en ~yei’a~e, \’oL 2.