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330 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

parlements. Quoique la Convention fût vaincue et que les arres" tations, depuis un mois se fussent élevées à plus de treize cents, une sourde fermentation grondait dans la bourgeoisie. Chaque jour, la Commune éprouvait quelque résistance nou" velle (1). Plusieurs sections cassaient leur comité révolutionnaire, d’autres ne laissaient pas les Jacobins prendre la pâ-’ rôle aux séances; enfin l’armement des six mille sans-culottes causa une sérieuse agitation. Co fut en vain que la Municipalité nomma des commissaires investis de pouvoirs illimités, que la police la plus arbitraire mit toutes ses ressources en oeuvre, que les patriotes des sections démocratiques visitèrent successivement toutes les autres sections pour écraser leurs adversaires sous leur nombre vingt-sept sections, c’est-à-dire la majorité, se prononcèrent si éncrgiquement contre la nouvelle armée révolutionnaire, qu’elles considéraient comme un instrument de tyrannie militaire, que la Municipalité se trouva forcée d’en ajourner l’organisation. Cet échec était d’autant plus grave pour la Commune qu’un grand nombre de ses partisans les plus actifs et les plus dévoués étaient partis pour la Vendée aussitôt après le 2 juin, avec les bataillons de la dernière levée les rangs des Ta~e-c~ étaient donc fort éclaircis, et la nécessité de nouvelles recrues se faisait sentir plus vivement que jamais. La bourgeoisie profitait de cette situation pour élever de plus en plus la voix, et lorsque arrivèrent les nouvelles de Bretagne, plusieurs sections témoignèrent hautement leur approbation et leur joie. < Partout l’opinion est mauvaise, s’écria Hébert à l’Hôtel de Ville, partout il nous faut étouffer la réaction dans son germe. » La situation semblait si critique, que Robespierre s’opposa à ce qu’on envoyât de nouvelles troupes en Vendée, afin de ne pas compromettre la possession de la capitale, et qu’il s’entendit avec Danton et Hébert pour ne pas permettre qu’il fût fait par un seul mot allusion à ce qui était alors le point le plus sensible, la question de la propriété. L’emprunt forcé, le maximum, la loi sur l’usure, furent, comme l’établissement de l’armée révolutionnaire, ajournés à des tèmps plus favorables. En abordant cette question, ils auraient craint de provoquer non-seulement (1) Procès-verbaux de ta Commune~ 2, 4, 8, 10 et 12 juin,