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FIN DU POUVOIR DE DANTON. sgg

qu ils reconnussent la Convention comme le seul pouvoir légitime; mais il n’osait, en face de l’exagération de son parti, faire aucune démarche en ce sens Dubois-Crancé et d’autres, au contraire, le sollicitaient incessamment de sévir par la force des armes, et ce n’était qu’à grand’peine qu’il retardait de jour en jour la discussion de cette question (1).

A Bordeaux, les esprits étaient plus passionnés et plus ardents; on y prenait chaudement le parti des Girondins et l’on refusait d’y reconnattre le pouvoir de la Convention, tant que celle-ci n’aurait pas rappelé dans son sein les députés qui eo avaient été exclus. Les envoyés du Comité furent donc entourés de gardes, puis chassés de la ville après quelques pourparlers sang résultat. Toutefois, cette fougue n’était pas soutenus par la même vigueur qu’à Lyon, Les fils des habitants riches y avaient organisé une garde nationale à cheval et paradaient dans de brijjants uniformes mais nul d’entre eux n’était disposé A se soumettre à un service sérieux et régulier. Cette situation était encore plus marquée dans la Bretagne et la Normandie. L’agitation de ces provinces se manifestait par des paroles, des imprimés, dos secours pécuniaires même, mais non par des troupes. En Normandie, où toute la classe moyenne professait des doctrines constitutionneHes, les Girondins fugitifs ne cessaient de vanter leur zéle républicain et de flétrir losJacobins en les nommant des royalistes déguisés; les habitants ne voyaient donc aucun motif pour exposer leur vie en faveur du démocrate Buzot contre le démocrate Robespierre, et l’appel aux armes fut si peu écouté dans cette province que je directoire du département prit enfin à son service, pour soutenir la lutte contre }a Convention, une troupe populaire primitivement organisée et armée par les Jacobins, ramassis de pillards et de!âcbes,.que l’on nommait les c~o~(2). L’ardeur irréfléchie des Girondins était aussi funeste à la direction qu’à l’enrûtement de la force armée. Le commandant militaire de la province était en ce moment le général Wimpfen, qui, après avoir défendu Thionville contre les Allemands, en l79a’ av~it été nommé depuis quelques mois chef de l’armée des côtes (1) Rapport de Merlin de Tt)iq(tvtUe, Canyeotioti n~ipnate, 23 octobre 1793 (2) Voyez Vaultier et Mancel, ~MM)vec<t(M normal, Caen, 1858.