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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/349

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FIN DU POUVOIR DE DANTON. 345

du plus fort, se rattacha à Robespierre et assura parla sa réélection il en fut de même de Coutbon, de Saint-Just et de Hobert Lindet. Danton, dont la conduite était devenue de plus en plus suspecte aux Jacobins, n’obtint pas une voix, et ne fut représenté que par ses amis, Hérault-SécheIles et’i’huriot. Les trois derniers nommés, Jean-Bon-Saint-André, Prieur et Gasparin, étaient des Jacobins de la vieille roche. Le Comité, qui jusque-la avait représenté le centre de la Convention sous la direction de Danton, devint donc l’organe de Robespierre, tempéré seulement par un léger mélange d’influence dantoniste. Il est difficile de s’expliquer pourquoi Robespierre lui-même n’y entra pas immédiatement du reste, il prit, de son autorité privée, part à ses délibérations, et Gasparin ayant donné sa démission le 26, il se fit nommer officiellement à sa place.

Le 10 juillet fut le second acte du coup d’Etat que Robespierre et Pacbe, les Jacobins et la Commune, avaient commencé le 31 mai. En renversant alors les Girondins, ils avaient banni de la Convention les derniers restes d’une opposition quelquefois efïicace; le 10 juillet, Robespierre lui-même prit possession du pouvoir souverain. Ce ne fut qu’à dater de cette époque que la tyrannie de la Révolution démocratique se développa sans obstacle, appuyée sur la terreur. Tout ce qui, jusque-la, avait maintenu le Comité de Salut publie dans des voies conciliatrices, l’horreur dusang et dela guerre civile, la sollicitude pourle bienêtre matériel de la nation, le respect du droit et des moeurs, la crainte des dangers qu’offrait la guerre extérieure, tout cela fut en un instant réduit à néant. Quelles que fussent les ruines qui devaient résulter de ses actes, le nouveau Comité n’eut plus pour objet que la soumission absolue du pays, le complet anéantissement de ses adversaires, la guerre avec l’Europe entière. Ce n’était pas la force que donne une conviction morale qui le poussait sur cette route redoutable, c’était la crainte du criminel qui ne voit que dans la continuation et le complément de ses forfaits une protection contre le châtiment et les représailles. <( Quiconque veut porter le nom de Jacobin, fut-il dit à une des séances du club, doit pouvoir répondre à cette question Qu’as-tu fait_ qui doive te faire pendre en cas de contrerévolution ? Les hommes du 2 juin, du 21 janvier et du 3 sep-