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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/350

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346 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

tembre avaient d’avance répondu trois fois à cette question. Quel que fût le parti qui dût arriver au pouvoir, en dehors d’eux et de leurs bandits, que ce fussent les Girondins ou tes constitutionnels, la bourgeoisie ou les émigrés, les Vendéens ou les étrangers, ils étaient toujours certains de voir leur vie rpenacée et d’être voués à une mort ignominieuse. Un pouvoir illimité pouvait seul les sauver, et leur domination ne pouvait être assurée que s’ils faisaient autour d’eux, dans tout le pays, une vaste solitude. La crainte de la mort les rendit audacieux et sanguinaires. Les membres du nouveau Comité n’hésitèrent donc pas un instant sur la conduite à tenir à l’égard des villes révoltées. La Normandie et la Bretagne ne leur causèrent pas de grands embarras les mesures prises par l’ancien Comité et la fuite des Carabots suESrent pour amener la soumission de ces provinces. Mais on prit sur-le-champ les armes contre les villes du Midi. Sans égards pour le danger qu’il y avait à dégarnir la frontière du Piémont, les commissaires de la Convention avaient déjà envoyé en Provence, sous les ordres du général Carteaux, quatre mille hommes de l’armée des Alpes, devant lesquels la garde civique de Marseille, se renfermant dans les murs de la ville, avait reculé presque sans combat. Le chef de l’armée des Alpes, Kellermann, avait été dirigé en personne sur Lyon avec six mille hommes, de sorte qu’il n’en restait plus que vingt mille environ pour pratégeria frontière contre des forces deux fois plus considérables. Cependant, comme il étaitévident quele corps de Kellermann.ne pourrait suffire à dompter la population si excitée de la ville do Lyon, et comme les Lyonnais s’étaient prononcés énergiquemcnt contre le coup d’État du 2 juin, le Comité, dès le premier jour de son installation, prit une mesure difficile à qualifier. Il fit rendre par la Convention, sur la proposition de Couthon, un décret qui proscrivait tous les chefs des révoltés de Lyon, confisquait au profit de l’Ëtat les biens de ceux qui avaient pris part à l’insurrection, et ordonnait le partage de ces biens entre les patriotes de la ville et des contrées environnantes. Le but de ce décret se devine sans peine. De tous côtés, les commissaires de la Convention faisaient prendre les armes aux paysans pour les diriger contre Lyon; Javoques avait levé douze mille hommes dans le Vivarais, Réyerchon treize mille dans les dépar-