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BRUXELLES. – FRANCFORT. – LONDRES. 31

sespérés ce ne fut qu’aux approches de la Meuse qu’ils résistèrent dans quelques combats d’arriére-garde.

Dumouriez; à la tête de près de quatre-vingt mille hommes, se trouvait, après une bataille, maître d’un des pays les plus riches de l’Europe il semblait donc que le gouvernement français n’eût plus qu’à décider s’il enverrait cette puissante armée anéantir, par d’autres combats, l’Allemagne ou iaIIoHandc. Mais, au milieu même du cours de ses triomphes, la force destructive de la Révolution avait atteint l’armée créée par elle déjà le pouvoir devant lequel toute l’Europe commençait à trembler, n’existait plus que de nom.

Pendant les semaines qui venaient de s’écouler, il s’était produit à Paris un changement qui devait avoir l’année suivante les suites les plus graves pour la Révolution. Jusque-là, ainsi que nous l’avons vu, les Jacobins n’avaient pas été représentés au ministère. Le cabinet restait neutre entre tous les partis; Roland était un Girondin décidé, et si Lebrun et Claviére s’entendaient parfois avec Danton, il eût été difficile de dire de quel côté venaient les’ concessions. Au commencement de novembre, les choses prirent une autre face. Depuis le 19 octobre, Pache avait remplacé Servan au ministère de la guerre. Le nouveau ministre avait été jusque-là le subordonné et le protégé de Roland, qui, reconnaissant en lui un homme calme, travailleur et facile à influencer, l’avait recommandé pour ce poste important. Mais, a peine Pache fut-il en fonctions, qu’il mit soudain toutes ses facultés et toute son ardeur au travail au service des Jacobins, et se jeta, non dans les bras de Danton, ni même de Robespierre, mais dans ceux de Marat et des hommes de l’Hôtel de ville, tels que Chaumette et Hébert.

Au moment où toutes les forces du pays allaient être employées à une guerre qui menaçait d’embraser le monde entier, la direction des affaires militaires tomba donc entre les mains du plus exalté de to.us les partis révolutionnaires.

Dans la situation où se trouvaient les factions qui divisaient alors le pays, ce changement ne constitua pas seulement un grand échec pour la Gironde et un grand danger pour les modérés, mais il donna naissance à un nouveau parti, au sein même du parti de la montagne. Après le 10 août, la montagne n’avait