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FIN DU POUVOIR DE DANTON. 351

d’ordre et de confiance récemment renoues s’étaient rompus’de nouveau. Le 25 donc, les Autrichiens étant parvenus à faire sauter encore quelques-uns des ouvrages avancés, un soulèvement tumultueux des soldats et des habitants éclata dans la place. Les commissaires dq la Convention furent menacés à ptusieurs reprises par la foule furieuse, un agent ministériel ne lui échappa qu’à grand’peine, et enfin le commandant septuagénaire de la place, le brave général Ferrand, ne voyant d’espoir d’aucun côte, se vit forcé de capituler. Le ’1" août, les alliés entrerenrdans la ville, aux cris d’allégresse des habitants, et en prirent possession, non au nom de Louis XVH, mais au nom de l’empereur François. Les émigrés de Bruxelles protestèrent avec indignation mais la garnison avait tellement perdu le sens moral, que, dans sa marche pour rentrer en France, elle fit entendre sur la place publique de Soissons des vivat frénétiques en l’honneur du prince de Cobourg et de la maison d’Autriche (1).

Lorsque ces désastres furent connus a Paris, et lorsqu’il devint évident que Cobourg-, avec. ses forces si supérieures celles des Français, pouvait facilcment disperser l’armée déjà désorganisée du Camp de César et se diriger ensuite sans obstacte vers la capitale, le Comité résoiut de tirer parti de ces dangers pour enflammer encore davantage ses partisans pohtiques et pour consommer )a ruine de ses adversaires. A la nouvelle de la prise de Mayence, Custine fut livré au tribunal révolutionnaire, trois nouveaux Girondins furent décrétés d’accusation, et on doubla le personnel du tribuna), afin de lui imprimer une plus grande activité. Après la chute de Vaioncicnnes, la Convention ordonna ’a confiscation de tous les biens des rebelles de Vendée, la destruction des tombeaux des rois à Saint-Denis, l’arrestation de tous les étrangers résidant en France, surtout des Anglais, dont le gouvernement, disait-on, combattait ses ennemis par le meurtre et l’incendie et devait, par conséquent, être maudit de l’Europe entière. Il n’est pas besoin de faire remarquer que ces décisions n’avaient rien de commun avec la perte des forteresses ni avec le moyen de rétablir la fortune des armes le seul rapport (1) D’âpres les témoignages unanimes des commissaires et des généraux.