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§50 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA. COALITION.

hésitations et ses lenteurs, était au moment de délivrer la ville en enlevant les positions par lesquelles Brunswick protégeait le siège. Mais le relâchement de la discipline et l’absence de sentiments d’honneur se faisaient sentir à Mayence comme dans toutes les armées françaises. Les soldats, qui manquaient de viande et de légumes, commençaient à murmurer, quoiqu’ils eussent encore du pain et du vin en abondance; les commissaires de la Convention craignaient pour leur vie s’ils tombaient dans les mains des Prussiens (1) bref, la capitulation fut signée le 22 juillet. La garnison devait se retirer librement, moyennant la promesse de ne pas servir pendant un an contre les alliés. A cette nouvelle, les soldats témoignèrent la plus grande joie et confraternisérent le verre à la main avec les Prussiens et les Hessois (2), sans montrer qu’ils ressentissent en rien la honte de se rendre en présence de fortifications intactes, et alors que l’armée de secours était si près d’eux (3). Beauharnais s’arrêta lorsqu’il apprit cette nouvelle accablante, et bientôt après, sûr d’être condamné, il envoya sa démission; mais il ne put échapper aux amis de Bouchotte.

Les mêmes causes qui avaient déterminé le sort de Mayence amenèrent aussi; quelques jours plus tard, la reddition de Valenciennes. Ici, la bourgeoisie désirait depuis longtemps l’arrivée des impériaux et la garnison se plaignait de ses fatigues, quoique, de même qu’à Mayence, les ouvrages avancés fussent seuls pris par l’ennemi et qu’on eût encore des vivres pour un an. A la vérité, les Français n’avaient aucun secours a espérer, car lorsque la nouvelle de l’arrestation de Custine avait été connue au Camp de César, elle y avait provoqué de la part des soldats une révolte qu’il avait été très-difficile de réprimer, et les liens d

fi) Ltt correspondance de Brunswtcli, que nous avons citée plus haut, parle de corruption des chefs français; mais le peu de fondement de ces soupçons ressort des actes du ministère prussien, aussi bien que des récits et des lettres cités dans la n’e de .Mer~t de Thionville, par Reynaud.

(2) Tiré des journaux de ces derniers, par Ditfurth (Les liessois en Champagne, etc.).

(3) Les commissaires de la Convention .a t’armée de la Moselle firent aussitôt un rapport empreint de la plus vive indignation. Saint-Cyr.croit aussi que la résistance aurait pu durer plus longtemps. Mais il était de l’intérêt des gouvernants de vanter la brave garnison de Mayence, aussi lit-on partout ses louanges. Que l’on compare cependant M conduite avec celle, par exemple, de Wurmser Mantoue, en 1797 t