Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

356 SOSPENStÔN DE LA GUERRE DE LA. COALrr)(M.

Le désir de se séparer complètement de la fortune chancelante de la Pologne commençait à fermenter en Lithuanie chez une partie de la noblesse, et, dès le mois de mai, des envoyés de Wilna et d’autres villes étaient arrivés à Saint-Pétersbourg, sous la conduite de K.amenski, palatin de Minsk, pour demander l’érection de la Lithuanie en un État séparé, vassal de la Russie. En Courlande, une fraction de la noblesse alla plus loin encore. Ce pays, qui était de nom un fief polonais, mais qui, en réalité, relevait de la Russie depuis plus d’un demi-siècle, avait été fortement ébranlé, après 1791, par les troubles de Pologne. Le duc de Courlande avait adopté avec empressement les idées du parti de la constitution’polonaise; il avait donné de nouveaux droits à ses villes, avait rendu la possession des biens féodaux accessible à la bourgeoisie, et s’était attiré par là la haine de la noblesse. De part et d’autre, des plaintes avaient été adressées à Varsovie, et, après une longue enquête, il avait été décidé, au commencement de 1792, que le gouvernement de la Courlande serait complètement modifié dans un sens libéralement monarchique. Tant que la constitution polonaise se maintint, la noblesse dut cacher sa colère et se renfermer dans une silencieuse soumission mais à peine les armes russes eurent-elles triomphé en Pologne et renversé les lois de 1791, qu’elle se hâta de réclamer l’auguste protection de l’impératrice en faveur de ses anciens privilèges et monopoles. Le premier résultat de cette démarche fut une courte lettre par laquelle le secrétaire de l’envoyé russe à Mittau intima au représentant de la couronne polonaise dans cette ville au nom de Catherine, l’ordre de quitter le pays dans les vingt-quatre heures. Aussitôt, le duc envoya à l’impératrice une ambassade respectueuse et rétablit les principaux droits de la noblesse, afin d’enlever à celle-ci tout prétexte à de nouvelles violences; toutefois il ne put l’empêcher d’envoyer aussi à Saint-Pétersbourg un agent chargé de contre-balancer tous ses efforts. Cet agent était un certain seigneur, de Ilowe, ancien favori du duc, mais dont le changement des circonstances avait également changé les sentiments, qui rôdait sans cesse dans toutes les antichambres de Saint-Pétersbourg, et que les ministres ménageaient, tout en le méprisant personnellement, parce qu’ils trouvaient en lui un instrument facile. Après avoir