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COMPLICATIONS DIPLOMATIQUES AU SUJET DE LA POLOGNE. 355

contre les généraux, et joua l’existence de l’armée pour renverser lesofficiers qui lui portaient ombrage. Ce fut par suite de cette sécurité que le Comité lança de tous côtés ses manifestes belliqueux, sachant Lien que, sans le prétexte des armements, il ne pourrait mettre à exécution les brigandages qu’il méditait depuis longtemps, et que les excitations d’un état de guerre lui étaient nécessaires pour entretenir l’ardeur de ses partisans. Examinons maintenant en détails à quel point la situation des puissances lui était exactement dépeinte, et comment celles-ci, au moment même où le triomphe des Jacobins avait fait dispa~ raître toute tendance vers la paix et avait privé la France de ses moyens de défense, renoncèrent à leur tour à vaincre la Révolution.

CHAPITRE V

COMPLÎCAttONS DIPLOMATIQUES AU SUJË’F DE LA POLOGNE.’ Tandis que la démocratie établissait à l’Ouest de l’Europe sa redoutable domination, sans se laisser effrayer par l’inimitié de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Espagne et de l’Italie, à l’Est, l’impératrice Catherine, quoiqu’elle restât en apparence calme dans sa force, avançait en silence et pas à pas vers le but qu’elle s’était proposé la soumission, non plus de quelques provinces de la Pologne, mais de ce pays tout entier. Elle avait veillé à ce que le partage ne pût donner à la Prusse ni influence ni sécurité en Pologne, et avait même su profiter de l’irritation des Polonais contre les Prussiens pour enlacer de plus en plus la république dans ses filets. Nous avons déjà remarqué que les élections à la diète avaient été faites partout sous l’empire de cette pensée qu’il fallait obtenir de la faveur de Catherine protection contre la Prusse; la noblesse polonaise était tellement démoralisée, qu’elle se soumit facilement à cette nécessité. Enhardis par ce succé?, les agents russes songèrent aussitôt à prendre des mesures d’une plus vaste portée.