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378 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LÀ COALITION.

Lord Yarmouth, dans le désir honorable de mettre un terme à la mésintelligence qui existait entre les cours de Vienne et de Berlin, se laissa entraîner à lui avouer que non-seulement l’Angleterre s’opposait à l’échange, mais que l’Autriche y avait renoncé par un acte formel. On devine facilement quelle impression cette découverte de la duplicité du cabinet impérial produisit sur le diplomate prussien. Le 10 juin encore, le roi avait déclaré qu’il consentirait à l’échange si l’Autriche, de son côté, consentait au partage de-la Pologne, et maintenant l’empereur nonseulement persistait dans son opposition, mais prétendait encore acquérir de vastes provinces françaises et montrait dans la question bavaroise une fausseté et une déloyauté complètes. En conséquence, Lucchesini interrompit immédiatement les opérations commencées en Alsace. En ce moment même, le 27 août, Brunswick déclarait qu’il fallait serrer de près l’ennemi, que la frontière pouvait être franchie en deux jours, que la position enfin était si favorable, qu’une plus longue inactivité compromettrait sa gloire militaire mais il reçut l’ordre de ne pas faire un pas en avant, en considération des graves questions politiques qui s’agitaient alors (1). Cependant, pour bien témoigner de son désir constant de combattre la Révolution, le roi offrit encore une fois à Cobourg, le 31 août, d’opérer contre la Sarre et la Lorraine il insista en même temps pour que son ancien plan de campagne fût de nouveau proposé à Vienne. Cobourg en éprouva une vive joie et écrivit aussitôt de la manière la plus pressante à son gouvernement, sur quoi Thugut résolut d’éloigner un général en chef aussi incommode et de le remplacer, aussitôt que possible, par un instrument plus docile à son système. Cependant la négociation entamée par Lehrbach avait précipité la crise qui devait amener la rupture de la coalition. Les conférences avaient été reprises après une suspension de dix jours, mais l’on conçoit que Lehrbach, après la sincérité intempestive de lord Yarmouth, était loin de s’y trouver à l’aise. Ne pouvant plus mettre le projet d’échange en avant, il n’en insista que davantage pour que la Prusse tînt sa parole au sujet des provinces françaises; mais on lui répondit comme il (1) Wagner, Campagne de 1793~ page 2,