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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/384

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380 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

obtiendrait une province polonaise il se trouvait donc libre de tout engagement, rien ne l’obligeait à conserver sur pied un homme de plus que ne le comportait son contingent, comme membre de l’empire. Jusqu’alors il avait combattu la Révolution avec joie; mais maintenant qu’il se voyait menacé dans ses intérêts et dans son honneur, il était résolu à employer toutes ses forces, s’il le fallait, pour obtenir une décision au sujet de la Pologne. Dans ce but, il décida qu’une partie de l’armée du Rhin reculerait sur Anspach et que neuf régiments nouveaux seraient mobilisés en Silésie et en Prusse, afin de pouvoir porter les forces de MœHendorf à cinquante mille hommes puis, pour ne laisser aucun doute sur la gravité de ses intentions, il résolut de quitter lui-même l’armée du Rhin et se diriger vers la. Pologne. Il hésita d’autant moins à prendre cette mesure, la plus significative de toutes, que Brunswick, le 16 septembre, avait repoussé avec une supériorité marquée une attaque tentée par les Français contre sa position de Pirmasenz, et que le général Ferraris, récemment arrivé de Vienne, lui avait répété que l’empereur n’avait, sur ce point du théâtre de la guerre, d’autre désir que celui de prendre l’Alsace. La Prusse n’était donc menacée d’aucun danger sérieux de la part de l’ennemi, et comme les opérations qui se préparaient n’avaient pour elle aucun intérêt bien vif, rien ne s’opposait à l’éloignement du roi.

Ces résolutions étaient si bien la conséquence naturelle et inévitable de la situation, que, dans le moment même où le roi les prenait à Edighofen, elles étaient prévues à Berlin par les ministres, et à Saint-Pétersbourg par l’ambassadeur prussien. Dés qu’il avait appris les événements de Grodno, le comte de Goltz avait déclaré au vice-chancelier Ostermann que les troupes prussiennes allaient se mettre en marche sur’ quoi Ostermann était entré dans une violente fureur, approuvant complètement les demandes de la diète polonaise, et accusant même Sievers d’avoir outrepassé ses instructions dans un sens favorable à la Prusse (1). Quant au ministère prussien, il ordonna à Buchholz de signer le traité proprement dit, mais de rejeter absolument les quatre articles additionnels, dût-il, pour cela, menacer de, (1) Hogguer, 13 septembre.