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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/385

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RUPTURE DE LA COALITION. 381

recourir aux armes. Presque au même moment, Lucchesini déclarait à Lehrbach, au quartier général, que la Prusse n’avait promis son secours pour la campagne de 1793 qu’à la condition qu’elle seraitsoutenue en Pologne par l’Autriche; qu’en présence de la répugnance manifeste de l’empereur, elle n’insisterait pas pour obtenir ce soutien, mais que, de son côté, le roi manquerait à ses devoirs envers son peuple s’il continuait à ses propres dépens à prendre part à la guerre contre la France (’!). L’imprudence et la déloyauté de Thugut, les vues rétrécies de l’Autriche, qui ne songeait jamais qu’aux avantages du moment, la pression arbitraire de la Russie sur les intérêts de l’Allemagne, telles furent les causes qui, en augmentant sans cesse les griefs, amenèrent la rupture de l’alliance au moment le plus grave pour elle. La Prusse et l’Autriche, rapprochées l’année précédente, après une longue haine, par la prudence de Léopold et l’abnégation du roi, se sêparét’ent de nouveau pour un long intervalle, qui devait être rempli pour toutes deux par d’immenses malheurs, des humiliations inouïes et un profond ébranlement. Elles se séparèrent violemment irritées et sans comprendre qu’elles étaient faites pour rester unies, bien qu’à l’instant même les tristes conséquences de leur rupture se manifestassent de toutes parts. De quelque côté que l’on considérât au mois de septembre les divers théâtres de la guerre, on voyait partout les forces de la vieille Europe en pleine dissolution. Dés le début de l’insurrection lyonnaise, le Piémont avait demandé à l’Autriche un secours de douze mille hommes, et le général impérial de Vins avait chaudement appuyé cette demande. Mais de Vins appartenait a l’école de Laudon; cela suffit pour que Lascy, président du conseil de guerre de la cour, se montrât hostile aux Piémontais. De son côté, Thugut haïssait le Piémont presque autant que la France il refusa donc le secours, à moins que la Sardaigne, consentant à s’agrandir aux dépens de la France,’ ne cédât la province de Novare à l’Autriche (2). Ce refus amena, au milieu de septembre, la suspension complète d’une attaque heureusement commencée contre la Savoie, et l’espoir de secourir Lyon s’évanouit (1) Haeften. communiqua le 15 octobre une partie de cette réponse aux ÉtatsGénéraux.

(2) Haeftcn, 20 et 21 juillet. Sir Morton Eden à Aucjdandj 10 août.