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RUPTURE DE LA COALITION. 383

actuel des choses, elle ne pouvait vouloir rompre sérieusement avec le cabinet de Berlin. Les prétentions que l’Autriche venait de remettre en avant ne lui permettaient pas la moindre hésitation, car, si l’agrandissement de la Prusse ne lui était pas agréable, elle devait éviter de soulever une opposition qui aurait. probablement eu pour conséquence l’abandon à l’Autriche d’une partie du territoire polonais. Une fois sa prépondé-’ rance bien établie en Pologne, elle se décida donc à conclure dans le sens du traité de Saint-Pétersbourg.

Sievers reçut l’ordre d’écarter les articles que rejetait la Prusse, et Buchholz eut encore une fois la joie de voir l’ambassadeur russe témoigner une vive irritation contre les Polonais qui l’avaient, disait-il, trompé par de fausses assertions, mais qui désormais ne devaient plus compter sur son indulgence. En un clin d’œil, tout changea d’aspect Buchholz fut de nouveau l’objet des prévenances du « bon ambassadeur et reçut des Polonais des marques de respect inaccoutumées. On s’occupa immédiatement de la rédaction du traité, et les chefs de la diète se réunirent aux deux envoyés pour s’entendre avec eux au sujet des conditions et de la forme de l’acte définitif. Tous demandèrent que Sievers leur prêtât le secours de ses troupes comme au 22 juillet et au’ 29 août, attendu qu’il leur était impossible de céder autrement qu’à une contrainte apparente en outre, un grand nombre de députés réclamèrent isolément des sommes d’argent considéra-’ bles, que Buchholz, dans l’excès de la joie, leur accorda sans difïiculté,mais seulement pour le moment où, le traité serait conclu. Par suite de cet arrangement, Sievers, le 22 septembre, fit arrêter par des patrouilles russes et reconduire dans leur paye’ quatre orateurs de l’opposition puis, le 23, la diète ayant été de’ nouveau entourée de grenadiers et d’artilleurs, on lut aux députés une note impérieuse, par laquelle Sievers demandait la-signature immédiate. Cette fois, la diète adopta pour sa protestation une forme nouvelle,-qui avait été décidée d’avance entre les deux partis: ellese renferma dans un silence absolu, qu’aucune observation ne put lui faire rompre à une heure avancéer de la nuit enfin,’ le député Ankwitz proposa de considérer ce silence comme un’ acquiescement, en vertu de quoi le maréchal Bilinski déclara le’ traité conclu.