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384 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

La Prusse avait Jonc obtenu ce qu’elle désirait; le roi FrédéricGuillaume, qui s’approchait à grands pas de sa nouvelle province, put mettre ses troupes sur le pied de paix et s’arrêter à Thorn et à Posen, où l’attendaient de loyaux discours, des guirlandes de fleurs et des illuminations. Pour le moment, la Russie avait renoncé à une partie de sa proie, mais c’était une raison pour qu’elle s’assurât plus vite encore les autres provinces de la Pologne. Cependant Catherine rejeta, comme l’année précédente, la requête du roi Stanislas qui demandait que le grand-duc Constantin lui fût assigné comme successeur; le rôle que le roi de Pologne devait être appelé à jouer désormais semblait à l’impératrice indigne de son petit-fils. Ce rôle fut pleinement caractérisé, aussitôt après la conclusion du traité prussien, par une proposition du député Ankwitz, tendant à affermir la sécurité de la Pologne par une alliance éternelle avec la Russie, Le 30 septembre, les chanceliers de la diëtc adressèrent à Sievers une demande à ce sujet, et, le 5 octobre, l’ambassadeur russe déclara accueillir favorablement cette requête, qui avait été rédigée par lui; immédiatement après, il présenta un projet de traite en dixhuit articles. Par ce traité, les deux puissances promettaient, en cas de guerre, de se soutenir mutuellement et avec toutes leurs forces, le commandement en chef devant toujours appartenir à la puissance qui aurait mis le plus de troupes sur pied; il y était dit ensuite que, attendu que l’existence politique de la Pologne intéressait vivement la Russie, celle-ci aurait en tout temps le droit d’envoyer et d’entretenir des troupes en Pologne que les représentants des deux États aux cours étrangères devraient toujours agir d’un commun accord, et enfin, que la Pologne ne pourrait apporter à l’avenir aucune modification à sa constitution sans le consentement de la Russie. Il était impossible d’établir plus clairement l’entière soumission de la Pologne à la domination russe le système de suzeraineté se trouvait transformé presque sans réserve en une incorporation absolue. « Les troupes de Votre Majesté sont, par ce fait, devenues polonaises, écrivait Sievers à l’impératrice le 3 décembre; il n’y a plus de différence entre elles et les troupes de Pologne et de Lithuanie. Pour ce qui concerne le roi actuel, il faut le tenir en respect; son successeur sera choisi par Votre Majesté, qui lui indiquera la conduite à tenir