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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/413

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GOUVERNEMENT PMViSOXË. 46S

première insubordination. Repoussé encore une fois, il revint à la charge le lendemain avec une nouvelle fureur, et demanda que tous les marchands qui vendraient des marchandises utiles à un prix trop élevé fussent emprisonnés il s’était, dit-il, conformé à ce principe lors de sa mission dans le département de l’Oise, et aussitôt .il avait fait diminuer de moitié le prix du beurre. Il voulait surtout que l’on ne conservât pas les suspects en France après la conclusion de la paix, mais qu’on les envoyât dans un exil éternel, charges des malédictions du peuple. Ici Robespierre lui-même se récria mais Collot d’IIerbois lui répondit si violemment qu’il finit par céder, et par recommander l’emprisonnement des marchands comme une excellente mesure aux commissaires de la Convention en mission dans les provinces. Après avoir mis à une telle épreuve la patience du peuple français, après avoir professé ouvertement les principes de la plus révoltante tyrannie, on ne pouvait plus hésiter à couronner l’œuvre en prononçant officiellement l’abrogation de la constitution promulguée six semaines auparavant. Du moment que la nation acceptait les lois du 17 septembre, elle ne pouvait s’opposer à la permanence de la Convention et du Comité de Salut public. L’ajournement de cette mesure ne pouvait qu’exciter de nouveau l’ambition jalouse des démagogues quf n’avaient pas une part directe au gouvernement, et en effet, à la fin de septembre, des symptômes de ce genre commencèrent à se manifester. Le club des Cordeliers, soutenu cette fuis par les Jacobins, accusa les commissaires de la Convention de ne pas respecter les ordres du ministre de la guerre; c’était le complément de la motion faite par Hébert au sujet d’un ministère constitutionnel, et une attaque tentée contre la Convention par Bouchotte et l’Hôtel de Ville. Une autre fois, ce fut la majorité même de la Convention, c’està-dire les modérés du centre, qui, sous la conduite du dantoniste Thuriot, ancien membre du Comité de Salut public brouillé aujourd’hui avec Biliaud-Varennos et Collot d’Herbois, opposa une résistance énergique au Comité, lequel voulait destituer Houchard et d’autres généraux. Ces deux incidents n’eurent aucune suite, mais ils décidèrent le Comité à précipiter les événements.

Le 3 octobre, Amar, ami de Robespierre, présenta au nom