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RnnXELLES, –, FRANCFORT. – LONDRES. ’S9

aller au delà de l’affranchissement des peuples, c’était montrer par des actes ce qu’on devait penser du désintéressement de la démocratie parisienne. Grégoire, président de la Convention, déclara dans sa réponse que la liberté allait au même moment faire explosion dans deux mondes différents, on Angleterre et dans le centre de l’Asie, puis, ayant fait ressortir les avantages qui devaient résulter de la réunion de la Savoie à la France, il conclut en s’écriant c Tous les gouvernements sont nos ennemis, tous les peuples sont nos frères; ou n~us succomberons, ou la liberté sera rendue à toutes les nations, t L’incorporation de la Savoie fut votée presque sans discussion, au milieu d’applaudissements frénétiques.

JI était impossible de proclamer pardes paroles plus énergiques et des faits plus frappants quel était le but de la politique extérieure du gouvernement révolutionnaire. Après s’être affranchie, pendant la première période de la Révolution, du respect qu’elle devait à son propre droit public, la France, maintenant, se déclarait également’ dégagea da tout devoir envers les droits des autres peuples.

L’un était la conséquence nécessaire de l’autre. Les Droits de l’homme de Lafayette avaient proclamé, dès 1789, le principe qui était actuellement mis en pratique par les ennemis et les successeurs du généra). « La cocarde tricolore fera le tour du monde gavait dit Lafayette; et déjà l’on en était arrivé a ce point qu’on espérait déployer la bannière de la liberté sur les bords de la Tamise et du Danube, en même temps qu’aux rives du Gange et du Mississipi. Ces plans sans doute restèrent sans effet pour le moment, par suite même de leur trop vaste étendue et de la précipitation avec laquelle it~ avaient été conçus mais ils caractérisent trop bien les gens qui étaient alors au pouvoir, et ils ont exercé trop d’Influence sur le cours ultérieur de la Révolution, pour que nous croyions devoir leur rafuser une attention toute particulière.

Une partie de ces plans était dirigée vers l’est de l’Europe, et avait en vue la chute de l’empire d’Autriche et l’abaissement de la Russie. Nous savons que, d’une part, lo ministre comptait sur un soulèvement des Turcs, et que de l’autre, ce qui était encore beaucoup plus important, il espérait endormir