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40 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

la Prusse à force de promesses. Le roi Frédéric-Guillaume était arrivé sur le Rhin le 6 novembre néanmoins quelques semaines s’écoulèrent sans que rien se’ décidât au sujet des opérations futures mais ces retards n’étaient causés que par des raisons militaires et nullement politiques. Les troupes avaient besoin de se reposer et de reprendre des forces nouvelles, après les fatigues de la retraite de Champagne de plus, on fut quelque temps indécis sur le choix du prochain théâtre de la guerre. Le prince Hohenlohe-Kirchberg demandait instamment qu’on ne lui abandonnât pas exclusivement le soin de défendre Trèves contre les forces françaises, si supérieures en nombre à ses propres troupes; d’un autre côté, l’attitude offensive prise par Custine semblait commander de couvrir les derrières de l’armée par -un mouvement vers le Mein. Ce fut enfin cette dernière considératiôn qui l’emporta,et les colonnes prussiennes se mirent en marche de Coblentz vers le Taunus, en traversant la Lahn. Cependant on ne s’avança, comme toujours, qu’avec une extrême circonspection le duc de Brunswick ne voulait pas plus qu’autrefois sur les bords de la Meuse, entendre parler de coups rapides et hardis. Ce fut pendant cette marche qu’on reçut le premier avis des nouvelles propositions du ministère français Custine annonça le 23, par l’entremise du landgrave de Hesse-Hombourg, que si la Prusse voulait reconnaître la République, celle-ci renoncerait à ses conquêtes et rendrait à la liberté Louis XVI et sa famille. Lucchesini communiqua aussitôt cette dépêche au prince de Reuss, puis il retourna àCoblentz, pour demander Mandrillon et à un second agent de Lebrun, le libraire Mettra, des détails plus précis sur les projets du gouvernement français. Ces agents avaient eu la veitle avecle duc Charles-Auguste de Saxe-Weimar un long entretien dans lequel, comme dans toutes les autres conférences, l’opposition qui existait entre la politique de la France et celle de la Prusse, c’est-à-dire entre le système de la paix générale et celui de la paix séparée, s’était clairement manifestée. Jl en fut de même dans la négociation qui eut lieu avec Lucchesini. Le marquis se montra disposé à reconnaître la République et traiter avec elle selon toutes les règles de la diplomatie, mais toujours en supposant qu’on s’arrangerait en même temps avec l’Autriche; et comme Mandrillon appuyait sur la situation