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FIN DE LA CAMPAGNE DE 1793. 435

quinze mille hommes de l’armée du Nord et des Ardennes. Ces mesures prises, il importait de donner à des généraux habiles le commandement de ces corps. Depuis Houchard,’l’armée de la Moselle avait eu deux chefs qui avaient rivalisé de nullité et de faiblesse. A l’armée du Rhin, Landremont, successeur de Beauharnais, avait été révoqué lors de la chute de Mouchard, par le seul fait qu’il était noble, et personne n’ayant voulu prendre ce commandement, de peur de subir un sort semblable, les commissaires y avaient enfin nommé le capitaine de dragons Carlin, le seul qu’ils eussent trouvé disposé àaccepter. Nous avons déjà vu quelle était son incapacité. Elle se manifesta mieux encore dans l’affaire des lignes de Wissembourg, où il ne sut donner d’autre ordre que celui d’une prompte retraite. Sous une telle direction, l’anarchie et une confusion totale des grades s’établirent de tous côtés on vit un général de division aller demander des instructions au club des Jacobins de Strasbourg, et un autre, au plus fort du feu, ordonner à son commissaire des guerres, sous peine d’un sévère châtiment, de prendre le commandement des troupes, sur quoi le commissaire s’empressa de disparaître. Ici comme partout ailleurs, le système de la terreur organisé régulièrement par le Comité de Salut public et les commissaires de la Convention, au lieu de produire force et unité, n’amena que crainte et dispersion.

Mais tout changea d’aspect lorsqu’à la fin d’octobre le général Pichegru fut placé à la tête de l’armée du Rhin, et qu’au commencement de novembre le général Hoche reçut le commandement de l’armée de la Moselle.

Pichegru avait été sous-officier d’artillerie avant la Révolution il était, par conséquent, ardent révolutionnaire comme tous ses’ camarades de 1789. Après avoir présidé pendant quelque temps le club jacobin de Besançon, il fut nommé chef d’un bataillon de volontaires et arriva en cette qualité à Strasbourg, où, en l’absence de service actif, il continua à jouer un rôle influent au club; il parvint ainsi en peu de temps aux grades de général de brigade et de général de division, sans avoir jamais été au feu. Il était alors dans toute la force de l’âge; quiété que ses listes se contredbeut l’une l’autre. Voye~ par exemple, les nO’ 17 ¡¡t 18.