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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/445

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FIN DE LA CAMPAGNE DE 1793. $41

le Rhin et le Gusbcrg. Les Autrichiens étaient à moitié débandés, affaiblis d’un tiers et embarrassés de dix-huit mille malades ou blessés en continuant à les poursuivre, les Français les auraient tout à fait mis hors de combat; mais des dissensions qui éclatèrent chez ces derniers leur donnèrent encore quelque répit. Pichegru ne voyait pas sans jalousie son jeune collègue déployer une telle ardeur et remporter de tels succès sur son propre terrain aussi, sans lui susciter d’obstacles, il ne faisait rien pour le soutenir. Pendant qu’il était a Haguenau, auprès des commissaires de la Convention, on découvrit le 2~, au moment même où l’armée était déjà rangée en bataille, que les troupes de ses divisions n’avaient plus de munitions et n’avaient reçu de lui aucun ordre pour leurs mouvements ultérieurs. Hoche leur fit donner aussitôt toute la poudre et toutes les cartouches dont ses propres troupes pouvaient à la rigueur se passer, et adressa les demandes les plus pressantes & Pichegru; mais celui-ci déclara qu’il ne savait plus où se trouvaient ses divisions, parla du mécontentement que causaient à ses soldats les empiétements de l’armée de la Moselle, et finit par demander l’éloignement du général Lefèvre, qui l’avait offensé par ses instances inconvenantes. Hoche n’hésita pas un instant. H écrivit aussitôt auxcommissaires qu’il était temps de faire cesser entre les deux armées la jalousie dont parlait son collègue, et les pria, en conséquence, de nommer officiellement Pichegru au commandement en chef des deux armées. Cette lettre provoqua une vive discussion à Haguenau. Saint-Just se montra prêt à prendre la mesure qui lui était demandée et décida ses collègues à signer la nomination; mais à peine Lacoste et Baudot y avaient-ils consenti qu’ils revinrent sur leur décision, et, malgré la répugnance bien marquée de Saint-Just, ils obtinrent le 25 décembre que la direction suprême des opérations fût donnée non à Pichegru, mais à Hoche lui-même (1). Pichegru et Saint-Just en furent profondément blessés; mais les circonstances étaient si pressantes, qu’ils ne voulurent assumer aucune responsabilité. Quant à Hoche, bien que surpris de ce résultat inattendu, il n’en conçut aucune inquié(1) Dépêches de Hoche aux représentants, des 6 et nivôse, au Comité de Salut puNic, du 19, à Privat du 23 nivôse. D’après cela, le récit de Saint-Cyr est tout fait inexact.