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BRUXELLES. – FRANCFORT. LONDRES. Ai

(1) Il voulait parler de Thugut, Mercy, etc.

dans laquelle se trouvait placée la France, Lucchesini s’écria enfin « Réfléchissez bien, les puissances ne sont pas encore tombées assez bas pour se laisser dicter des lois. » Sur quoi Mandrillon n’insista plus. Lucchesini finit par l’informer que les deux puissances avaient déjà nommé leurs représentants en cas d’une négociation avec la France (1), puis il appuya sur l’immense intérêt que prenait le roi à la sécurité de la Hollande et de la maison d’Orange, et il déclara qu’à la première menace de ce côté, non-seulement la paix avec l’Allemagne deviendrait impossible, mais l’Angleterre elle-même paraîtrait immédiatement en scène. Enfin il demanda instamment quels seraient les pouvoirs du ministère pour la négociation proposée, et exprima le désir que la Convention formulât nettement ses intentions à cet égard.

Ce désir était naturel et témoignait de la loyauté des assurances de paix données par la Prusse. Les agents français crurent même y voir un signe de rapprochement vers leurs tendances, et ils urent tout à coup un grand pas en avant, en proposant non-seulement la paix, mais une alliance offensive entre la Prusse et la France. Les lettres de Lucchesini ne contiennent pas de détails sur ces propositions, mais les instructions données par Lebrun à ses agents nous les fontsuffisamment connaître. H Si la Prusse, disait Lebrun en commençant, persiste dans son désir de paix générale, la négociation est rompue; car, en aucun temps et en aucun cas, nous ne pactiserons avec la dynastie autrichienne. Les motifs allégués par la Prusse contre une paix séparée sont faibles d’ailleurs ce n’est pas la PrusseL qui; dans ce cas, aurait quelque chose à craindre, mais bien l’Autriche et la Russie. Il nous faut seulement une résolution. bien arrêtée. Que la Prusse traite avec nous dans le plus grand mystère, qu’elle arme même en apparence contre nous pendant tout l’hiver; nous saurons, pendant ce temps, exciter la Hongrie et la Bohême contre l’Autriche, la Pologne et la Turquie contre la Russie. La Suède est bien disposée pour nous, la Bavière, qui connaît le désir qu’a l’Autriche de se l’incorporer, se laissera facilement gagner. Dés que le printemps paraîtra,