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SfTUATtONDUl’AYS. ~53

que tous ses amis cherchaient leur salut dans la fuite, elle était restée à Paris, attendant son sort avec un calme héroïque. Au milieu des catastrophes politiques, son cœur, qui jusque-là n’avait battu que pour la patrie, avait ressenti un profond amour pour un des Girondins, bannis et fugitifs, pour Buzot, qui avait été traqué et était mort aux environs de Bordeaux. La prison et l’échafaud n’étaient plus pour elle que le chemin de la délivrance et du repos suprême, et ce fut non-seulement avec fermeté et courage, mais encore avec une joie rayonnante qu’elle marcha à la mort ~). Elle fut suivie de près par Philippe d’Orléans, qui, repentant et contrit, s’accusa à haute voix des crimes qu’il avait commis contre le roi (2); par le respectable Bailly, qui subit pendant de longues heures les mauvais traitements d’une populace irritée, sans que son calme et sa patience en fussent un seul instant altérés; par Manuel enfin, par Barnave, et par un grand nombre de généraux révoqués (3).

Ces triomphes donnèrent à la Municipalité la mesure de son irrésistible puissance. C’était elle qui bouleversait et exploitait la France, dans toutes les directions et dans les plus petites localités c’était d’après ses exemples que, du Nord au Sud, agissaient les commissaires de la Convention; son unique soin désormais devait être de ne se laisser devancer par aucun de ses élèves dans cette œuvre de destruction. Ce qui surtout l’attirait, c’était la guerre que Dumont et Fouché avaient déclarée au clergé, le plus ancien ennemi de la Révolution la haine de la religion et l’amour du butin se trouvaient d’accord en ceci; aussi, à daterdu mois de novembre, l’anéantissement de l’Eglise devint-il le thème de tous les débats de l’Hôtel de Ville. Chaumette commença par faire défendre de célébrer le service divin ailleurs que dans les églises; puis on poussa quelques prêtres à abandonner publiquement le sacerdoce; le 7 novembre enfin, Gobel, archevêque de Paris, conduit par la Municipalité, parut à la Convention à la tête d’un long cortège de prêtres constitutionnels et abjura solennellement l’ancienne superstition, en face de la nation tout entière. La (1) Dauban, Étude sur macffMM /<o&M~. Paris, 1864.

(2) Lettre de son confesseur, dans Nettement, GM-OM~n~, p. 172. (S) Voyez pour les détails l’excellent essai 77te /’eM/M<<Man/ <t’~M~a&, bv

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