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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/460

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456 6 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

selon lui, suffire pour la maintenir dans le devoir. Eût-il voulu aller plus loin, d’ailleurs, que les moyens lui eussent manqué, car les bandes de paysans armés par lui s’étaient dispersées, soit avant, soit après la prise de la ville; quant aux troupes, les unes avaient éte dirigées sur Toulon aussitôt après la capitulation, et les autres se montraient résolues à ne pas faire l’office de bourreau et à ne pas prendre part à un massacre général d’adversaires désarmés. Par tous ces motifs, Couthon prit sur lui, sinon de modifier ouvertement les ordres de la Convention, du moins d’en faire traîner l’exécution en longueur. Il avait établi le 1/t octobre un tribunal de guerre, destiné à juger les habitants pris les armes à la main; en six semaines, ce tribunal fit fusiller cent personnes environ, ce qui devait sembler suffisant pour mettre Coutbon à l’abri de tout soupçon de pitié ou d’humanité (1). Il forma ensuite deux commissions dites de justice populaire mais il leur enjoignit de se conformer strictement aux formes de procédure ordinaires, de sorte qu’à la fin du mois elles n’avaient pas encore rendu un seul jugement. La destruction des mais’ons fut retardée de jour en jour, et, ce qui irritait le plus les clubistes de Lyon et ceux de Paris, il fut sévèrement défendu aux patriotes de piller les demeures des aristocrates. Cette conduite excitait un vif mécontentement dans la capitale. Quelqu’un ayant un jour exprimé à l’Hôtel de Ville la crainte que la destruction de Lyon ne portât une atteinte mortelle à tout le commerce français, Hébert déclara que les arts et l’industrie étaient les ennemis de la liberté que, d’ailleurs, l’intérêt de Paris exigeait que l’on ne laissât pas subsister en France une ville aussi considérable que Lyon (2). Lui et ses amis décidèrent d’un commun accord que si la population de cette ville était aussi antipatriotique que le disait Couthon, il fallait l’exterminer sans grâce ni merci. Couthon, informé de ces tendances, demanda lui-même son rappel, et le Comité de Salut public résolut, le 29 octobre, de le remplacer par Collot (1) II écrivait le 20 octobre à Robespierre « Obtiens-moi donc du Comité de Salut publie un ordre qui m’envoie à Toulon. Si je parais dans cette ville, et que l’enfer ne s’y oppose pas, Je système de la violence y régnera bientôt comme il règne déjà à Lyon. Dès que Toulon sera brûlé, car cette vi)le indigne doit disparaître du sol de la liberté, – dès que Toulon sera brûlé, je reviendrai près de vous. N (Papiers de Robespierre, I, p. 362.)

(2) Prudhomme, C~~Mafe la Révolution, lI, p. 63.